samedi 27 novembre 2004

Shabbat Shalom!

Mon ami Yuliy est né en ex Union Soviétique, plus précisément dans le sud de l'Ukraine. De religion juive par son père, il a immigré en Israël peu après la chute du mur. Entre deux voyages, il habite habituellement chez Yacov et Eugenia, ses parents, qui se sont acheté une petite maison dans une colonie pas très loin de Tel Aviv.

Hier soir, le téléphone sonne.

- Oui allo?

- Shabbat Shalom Dianetchka!

- Yuliy! Comment vas-tu?

- Ça va. J'me suis déniché un petit emploi comme agent de sécurité dans les environs de Kfar Saba, ça me permet d'aider un peu mes parents. Tu sais comme moi que les boulots se font plutôt rares depuis quelques années. Sinon, pas grand chose de nouveau. Comment ça va de ton côté?

- Tranquille, l'hiver commence à s'installer. J'me prépare à aller boire un verre au bar, fidèle à mes habitudes. Et toi, arrives-tu à te payer un peu de bon temps dans ton coin de désert?

- Un peu. J'suis allé boire une bière avec mon pote Sasha dernièrement, c'était bien. Ah oui, et en faisant des courses j'ai rencontré une fille vraiment sympatique, une Palestinienne qui a fait ses études de médecine à Montréal justement. On s'est jasé pendant une bonne demi-heure entre deux rangées de shampoing à la pharmacie.

- C'est génial ça!

- Je te connais toi, ne va pas t'imaginer des choses. Il ne s'est rien passé entre nous.

- Au contraire Yuliy, laisse-moi imaginer la scène, c'est tellement beau! Réalises-tu que la plupart des gens d'ici s'imaginent que les juifs et les Palestiniens ne pensent qu'à s'entretuer?

- Bah! C'est n'importe quoi, ça. Je dois y aller, je te rappelle bientôt. Laïlatov sista'!

- Bonne nuit à toi Yuliy!

Et merci...

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mercredi 24 novembre 2004

Prudence!

L’endroit où je travaille est situé tout près d’un poste de police. À quelques occasions, nous nous sommes mutuellement rendu service.

La nuit dernière, un policier se pointe avec une quinzaine de cartes blanches n’ayant, d’un côté, qu’une bande magnétique. Il venait de saisir les cartes dans une voiture et voulait que je l’aide à déterminer si ces bouts de plastique étaient des cartes de crédit clonées. Pour environ une douzaine d’entre elles, j’ai réussi à retracer la compagnie de crédit et le numéro de la carte originale. Il s’agissait effectivement de copies.

Les médias ont soulevé le sujet à quelques occasions ces derniers mois, mais je n’avais jamais vraiment réalisé à quel point les techniques de copiage de bandes magnétiques pouvaient être simples et répandues. De grâce, chers amis, soyez très prudents quand vous utiliserez vos cartes débits ou de crédit chez les petits commerçants.

Un blogueur averti en vaut deux!

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samedi 20 novembre 2004

Voici pourquoi le Moyen-Orient est dans la merde...

vendredi 19 novembre 2004

Commettre l'irrémédiable

Il y a une dizaine d'année, j'ai rencontré une fille: Julie ou Sophie, je ne me rappelle plus trop. Ce dont je me souviens très bien c'est que son projet de "carrière" était de fonder une maison de suicide assisté. Pas seulement pour les gens en phase terminale, mais pour la population en général. Elle croyait fermement que tout le monde avait le droit de mourir dignement même si c'était de découragement moral. Son rêve consistait donc à tenir la main de ces personnes pendant tout le processus, de la rencontre avec la famille jusqu'au point de non retour, en passant pas la rédaction de la fameuse lettre que la plupart des suicidés laissent derrière eux. Quand je repense à cette fille, une image me revient constamment en tête: lors d'un documentaire dans le cadre de l'émission "Caméra 88", ou quelque chose du genre, on nous avait présenté un jeune homme qui s'était tiré une balle dans la gueule. L'homme avait survécu, mais défiguré (il va sans dire) et avec des séquelles très graves. Malgré tout, il s'accrochait maintenant à la vie. Il regrettait amèrement son geste, non pas parce qu'il n'en était pas mort, mais bien parce qu'il ne voulait plus mourir.

Je suis tout à fait pour le suicide assisté dans les cas de maladies incurables, mais il serait important qu'un comité d'éthique sérieux se charge d'en déterminer les périmètres de façon très claire. Quant au projet de Julie, dix ans plus tard, je ne sais toujours pas quoi en penser.

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mercredi 17 novembre 2004

Bienvenue sur mon île!

Certains d'entre nous connaissent déjà ses talents de conteur,
l'homme à la pipe nous dévoile maintenant sa plume et ses jeux de mots absolument adorables!
Roublard, à lire et à relire...
Sérieusement, on ne s'en lasse pas!

jeudi 11 novembre 2004

Salut à toi

De tous les gens que j'ai rencontrés en voyage, George est celui qui m'a le plus profondément touchée. Ce type n'était pas particulièrement intéressant, nous n'avons jamais été vraiment proches, mais son malheur m'a marqué au fer rouge. Permettez-moi de vous raconter une petite histoire triste. (Coeurs sensibles s'abstenir)

L'action se déroule à Tel Aviv, Israël, à quelques mètres de la Méditerrannée. Je m'affairais à mes tâches de réceptionniste / gérante du Gordon Hostel, c'est-à-dire que j'en étais probablement à me griller une clope derrière le comptoir et à servir des bières aux résidants tout en écoutant un film américain sous-titré en hébreu. Bruits de pas dans l'escalier, un routard se pointe, l'air un peu hagard. Vérification du passeport, du visa et des cartes d'identité: j'apprend que mon vis-à-vis s'appelle Georgios P., qu'il a 22 ans et qu'il est grec. Je lui soutire les 35 shekels prévus, lui passe en revue les trois règles d'or de l'auberge (èna: on paye une nuit à l'avance, dio: on sort sur les balcons si on veut se fûmer un pétard et tria: on ne fait pas chier les autres) et lui assigne un lit en dortoir. Kalinikta!, see you in the morning!

George aurait pu être comme n'importe qui. Comme les vacanciers, il aurait pu passer ses après-midi à la plage, de l'autre côté du boulevard. Il aurait pu aussi faire comme bon nombre d'entre nous et inscrire son nom sur la liste d'emploi (au noir, il va sans dire), mais non, George se contentait de tourner en rond en fronçant les sourcils. À deux ou trois reprises, j'ai dû le changer de dortoir: les autres chambreurs se plaignaient de son comportement bizarre, ou bien c'était lui qui se disait victime d'un complot. Plus pour nous tous que pour lui, j'ai fini par lui dénicher un petit boulot comme aide en construction, ou plongeur dans un resto, je ne me rappelle plus trop. Toujours est-il que le temps qu'il passait à l'intérieur était diminué de moitié, c'était bien ça de pris! Quelques semaines plus tard, alors que j'avais presque oublié son existence, je l'ai croisé un matin, il était complètement saoul. Je ne l'avais pourtant jamais vu boire ne fut-ce qu'une goutte d'alcool. Ce fut le début de la fin.

Personne ne fut surpris de voir George longer les couloirs à nouveau, blotti dans une couverture. Il passait aussi plusieurs heures par jour assis en face de moi au comptoir de la réception. Son discours était presque incompréhensible: il semblait se croire en 1995 (nous étions en 2000) et parlait souvent d'une lumière très vive. Il disait aussi qu'il était mauvais et qu'il finirait bien par payer pour ses fautes un jour. De son passé, je ne savais pas grand chose, j'avais seulement cru comprendre entre les lignes que ses parents étaient très haut placés au sein du gouvernement de son pays et qu'il ne partageait pas leur point de vue. Pas plus de deux ou trois jours furent nécessaires pour qu'il épuise totalement ses réserves monétaires, je dus donc consentir à l'héberger aux frais de l'auberge jusqu'à ce qu'il aille mieux.

Quelques matins plus tard, Mark, l'australien qui partageait le dortoir de George, vint m'aviser que ce dernier n'avait pas été vu depuis la veille. Connaissant tous les deux son comportement des derniers jours, nous en sommes venu à échanger les rares informations que nous avions sur lui, en vue d'entamer des recherches le soir même si nous n'avions pas de nouvelles. Cette conversation me permis d'apprendre que George avait eu un accident de moto en 1995 et que sa copine qui l'accompagnait en était morte. Selon toute vraisemblance, sa disparition concordait avec le cinquième anniversaire de ce triste évenement, qu'il ne s'était jamais pardonné. En fin d'après-midi, un groupe de volontaires se forma et parti ratisser les environs de l'auberge, sans résultat. Nous décidâmes d'aviser le service de police.

Ce n'est que le surlendemain que nous avons reçu l'appel, tant attendu que redouté, d'un policier. George avait réussi, de nuit, à sauter la barrière de sécurité du petit aéroport militaire Sdé Dov, au nord de Tel Aviv, et s'était dirigé tout droit vers un petit avion en marche. Comme hypnotisé par la lumière, selon les dires de l'agent, il aurait marché jusque dans le réacteur de l'avion. Il reposait maintenant aux soins intensifs de l'hôpital Sourasky, mais sa vie semblait hors de danger.

En moins d'une heure, j'étais sur le seuil de la porte de sa chambre. Je m'attendais au pire, je fus confrontée au pire: George avait littéralement été scié en deux par l'hélice de l'avion. Je vous épargne les détails des dégats physiques, ce serait trop inhumain, j'en tremble juste à y repenser. Disons seulement qu'il ne pouvait pas parler mais qu'il lui restait une main en état d'écrire. Ce qui m'a le plus étonné fut son extrême lucidité. Pendant près d'un mois, je me rendis à son chevet une ou deux fois par semaines avec des magazines, d'immenses blocs de papier et des stylos de toutes les couleurs. Gauchement, mais lisiblement, il écrivit d'abord des choses que je lui avais dites pendant sa période de délire à l'auberge, alors que j'essayais de lui remonter le moral. Ensuite ce fut des questions: il voulait tout savoir: comment allait Mark et les autres résidants, si une telle avait réussi à obtenir son visa pour l'Angleterre, s'il y avait eu des bombardements dans les environs de Tel Aviv, si je lui avais gardé sa place à l'auberge, etc. Dans ses yeux, il y avait une lumière que je n'avais jamais vue.

Ce qui devait arriver arriva: un soir j'ai trouvé son lit vide. Ses parents étaient venus le chercher. Pendant de longues minutes, je suis restée là, muette devant son absence et j'ai versé une larme, si longtemps retenue. Depuis, j'ai tenté de le contacter par email mais je n'ai jamais réussi. L'adresse qu'il avait gribouillé de la main gauche sur un bout de papier devait être erronée. Je ne saurai jamais ce qui s'est véritablement passé dans la tête de ce jeune fou devenu lucide par un acte incompréhensible.

Où que tu sois aujourd'hui George, salut à toi.

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mercredi 10 novembre 2004

Sans commentaire...

Dahab est un joli petit village bédouin sur le bord de la Mer Rouge en Égypte. Je m'y suis rendue à l'automne 2001 pour me détendre après un contrat de travail en Israël. En guise de logis, je me suis loué une petite hutte en paille pour 5 pounds dans un camp dont j'ai oublié le nom. Dès mon arrivée, une chose a attiré mon attention. Dans la hutte qui servait de réception était affiché le message suivant: (traduction libre)
  1. Si vous êtes un peu malade et vous savez ce que vous avez, vous pouvez vous rendre à la pharmacie. On vous vendra facilement des médicaments sans prescription.
  2. Si vous êtes un peu malade et vous ne savez pas ce que vous avez, nous vous conseillons d'aller à l'hôpital du village. Les médecins qui y pratiquent sont les mêmes que dans la clinique privée mais la facture y sera moins salée.
  3. Enfin, si vous êtes très malade, allez dans le village x. Les médecins d'ici ont beau être compétents, vous ne voudriez certainement pas mettre votre vie entre leurs mains.

Ça se passe de commentaire!

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mardi 9 novembre 2004

La première neige

On dirait que chaque début de saison me rappelle des souvenirs d'enfance.
Les quelques flocons qui sont tombés ce matin m'ont ramenée à mes 8 ou 9 ans. À l'époque du pré-nintendo, toutes les occasions étaient bonnes pour aller jouer dehors, mais il en était une qui surpassait toutes les autres en émotions: la première neige! Ces matins-là, tous les enfants de la rue étaient à l'extérieur avant l'heure habituelle du départ pour l'école. Quand nous avions un peu de chance, la déneigeuse n'était pas encore passée et c'était au son des rires et des cris que nous tracions nous-même notre route étroite sur les trottoirs du quartier. Toute la journée, nos regards étaient rivés sur les fenêtres de la classe, nous anticipions le retour... et LA MONTAGNE!
La maison que mes parents avaient achetée était au bout d'un cul-de-sac. Toute la neige de la rue se trouvait donc amoncelée devant chez moi: c'était notre montagne, notre Everest! Aussitôt rentré de l'école, nous sortions nos crazy-carpets et nos pelles de plastique et prenions d'attaque la montagne. Nous creusions des tunnels et aménagions des pentes pour glisser, tout en faisant de notre mieux pour éviter les nombreuses balles de neige qui fusaient de toutes parts. C'était le bonheur total! Nous ne pensions à rien, nous étions heureux... jusqu'à ce que nos mères sortent frileusement sur les balcons, nous ordonnant de rentrer souper.
C'est avec les joues rouges et les bas mouillés que je prenais place devant mon bol de soupe. Et c'est totalement épuisée mais le sourire aux lèvres que j'allais me coucher le soir venu.

Aujourd'hui, plus de vingt ans plus tard, je vois le Mont-Royal par la fenêtre du salon. Évidemment, il ne reste aucune trace des quelques flocons de ce matin, mais c'est décidé: cette année, je m'achète un crazy-carpet!

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samedi 6 novembre 2004

C'est un départ!

Parce qu'il y a un début à tout
Parce que j'aime bien l'idée
Peut-être parce que l'état de mon estomac depuis deux jours me donne l'impression de recommencer à zéro
Peut-être aussi parce que j'ai souvent envie, d'une certaine façon, de me donner le droit de tout recommencer

J'ai enfin décidé de me lancer dans ce monde virtuel des réflexions, des récits du quotidien
Qui sait où cela me mènera?

Je me sens un peu comme ce jour où j'ai hissé mon lourd sac à dos sur mes épaules.
Un billet d'avion, mon passeport, et quelques dollars en poche, je n'osais figurer comment j'allais pouvoir survivre six semaines. Ce fut pourtant le début d'une longue aventure qui s'étala sur presque deux ans d'errance, sur quatre continents. Les plus belles années de ma courte existence!

La vie au quotidien est aussi un voyage, pour peu qu'on se donne la peine de ne rien prendre pour acquis. La partager, c'est un peu comme montrer quelques uns de nos meilleurs clichés à des amis: ça permet de voir, à la lumière de leurs commentaires, les choses sous un autre point de vue.

Galad autour du monde ou le monde autour de Galad, ça revient peut-être au même après tout...

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