lundi 26 septembre 2005

No signal

dimanche 11 septembre 2005

Je me souviens...

Qu’on le veuille ou non, difficile de ne pas se rappeler ce qu’on faisait cette même journée il y a quatre ans, plus précisément vers les 9 heures. Les événements marquants ont ceci de particulier: leur souvenir s’accompagne du contexte dans lequel nous en avons pris connaissance. Il est aussi facile de se rappeler de notre réaction à une mauvaise nouvelle que de la nouvelle en soi.

Il y a quatre ans aujourd’hui, vers les 9 heures, il était 16 heures là où j’habitais. Je sortais de ma chambre afin de préparer l’ouverture du bar situé sur le toit du Gordon Hostel à Tel-Aviv quand, passant devant la télé de la réception, j’ai vu un immense édifice en flamme. À peine ai-je eu le temps de me tailler une place sur le canapé, entre deux résidents abasourdis, que CNN nous montrait en direct les images d’un boeing fonçant dans un édifice identique au premier.

Vers 16 heures, le 11 septembre 2001, une dizaine de paires d’yeux passaient en alternance du poste de télé à la porte-fenêtre de la réception. Télé, fenêtre, télé, fenêtre, télé et encore fenêtre. Silencieusement, nous redoutions tous la même chose: qu’Israël soit la cible suivante. Voilà des mois que les bulletins de nouvelles nous présentaient des reportages sur l’ire de la population arabe face au soutien financier que les États-Unis offraient à Israël. Si l’attaque visait à punir le gouvernement américain pour son aide à la population juive, il irait de soit que l’état juif serait le prochain visé. Ce serait la troisième guerre mondiale, le monde ne serait plus jamais comme avant. Oui, la face du monde allait changer radicalement.

J’ai écrit ici, il y a quelques semaines, que j’apprivoisais facilement la peur. Je le soutiens. Pourtant j’ai eu sacrément peur cette journée-là. Pas peur pour moi ou pour les Israéliens en particulier, peur pour l’humanité. À Tel-Aviv le 11 septembre 2001, j’ai eu peur pour les hommes, mais j’ai surtout eu peur d’eux.

Sur la porte du bar j’ai écrit : fermé pour cause d’humanité en péril.

Libellés :

vendredi 9 septembre 2005

Faudrait pas Charrier!

Chacun d’entre nous a déjà entendu, à l’adolescence, un de ses parents lui crier : « tant que tu resteras sous mon toit, tu devras te plier aux règles de la maison! ». En vieillissant, nous nous sommes rendu compte que l’assertion n’était pas aussi stupide qu’elle en avait l’air. Aujourd'hui, si nous avons envie de fumer une cigarette en buvant notre double espresso, nous n’irons pas dans un café non fumeur et si nous mourrons d’envie de nous faire bronzer en costume d’Ève, le Yémen ne figurera forcément pas dans la liste de nos destinations vacances. Ça va jusqu’à maintenant? Parfait, je poursuis.

Imaginez que vous vous sentiez persécutés dans votre pays ou que, pour quelques raisons économiques ou autres, vous ayez envie de déménager ailleurs dans le monde. Une des premières chose à faire serait probablement d’évaluer vos priorités dans la vie et de voir si le pays d’accueil vous permettrait de vivre en accord avec ces valeurs. Par exemple, si vous êtes contre le port d’armes à feu, vous n’irez pas vous installer au Texas. De la même façon, s’il est primordial pour vous que votre fille aînée poursuive ses études universitaires, vous ne choisirez probablement pas l’Afghanistan. Tout le monde suit? Vous là derrière, ça va? Merci.

Vous n’êtes probablement pas sans savoir qu’un tribunal d’arbitrage appuyé sur la Charia, l’Institut Islamique de la Justice Civile, a été annoncé en Ontario il y a deux ans. Hier des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes pour s’opposer à sa création : à Toronto et à Montréal, mais aussi à Paris et à Londres. Même Amnistie Internationale a mis le Canada en garde contre le recours à des lois religieuses aussi discriminatoires. Bien entendu ce tribunal ne trancherait que dans les cas de litiges familiaux : divorces, garde des enfants, héritage. Mais n’est-ce pas dans ces domaines justement qu’il y a le plus de discrimination envers la femme? Selon la Charia, en cas de divorce, la femme ne reçoit une pension alimentaire que pendant quatre mois et dès que les enfants atteignent l’âge sept ans (pour les garçons) ou neuf ans (pour les fillettes), leur garde est automatiquement accordée au père.

Si tout le monde est heureux avec la Charia dans les pays musulmans – ce dont je me permets de douter – ça les regarde. Cependant, du moment qu’ils ont choisi le Canada comme pays d’accueil, il me semble logique que les immigrants se doivent de respecter les mêmes lois que les autres citoyens et qu’ils doivent être jugés devant les mêmes tribunaux. Rien ne les empêche de choisir le médiateur de leur choix : les rabins, imams ou autres prêtres seront ravis de trancher dans les petit conflits du quotidiens. Mais en faisant appel à la justice, les musulmans, comme nous tous, doivent faire appel à LA justice canadienne et non pas à une justice qui fait leur affaire.

En terminant, un exemple d’ordre personnel : à plusieurs reprises ces derniers mois, j’ai dû écrire des rapports à mes supérieurs parce que des agents de sécurité musulmans, bien que travaillant sous ma supervision, n’acceptaient pas de se plier à mes directives. Encore la semaine dernière, l’un d’entre eux m’a intimé – en plaçant son index à deux centimètres de mon nez – de « bien faire attention à la façon dont j’oserais lui adresser la parole à l’avenir ». J'imagine qu'il n'a pas encore appris qu'au Canada, la femme est l'égale de l'homme. Y a t’il quelqu’un ici qui croit que d’accorder l’accès à un tribunal parallèle basé sur la misogynie ferait en sorte que cet homme apprenne à respecter la femme?

À mon tour d’avoir envie de crier haut et fort : « tant que vous résiderez dans ce pays, vous devrez vous plier à ses règles! ». Non mais, y’en a marre à la fin.

Libellés : ,