samedi 3 mai 2008

Le pudding à l'arsenic

Voilà exactement un an et dix jours que mes nouvelles voisines ont élu domicile dans le petit logement adjacent au mien. Trois cent soixante-seize jours et autant de nuits à les détester profondément. Vous le savez, il y a eu d'abord Petite Peste qui a passé l'été dernier à crier sur ma terrasse, puis sa mère qui n'a rien trouvé de mieux à faire que de m'empêcher de dormir pendant des mois en s'installant presque sous ma fenêtre de chambre pour crier à sa fille de se taire. Ensuite, quand je croyais que la situation ne pouvait être pire, il y a eu les miaulements interminables de leur grosse chatte en chaleur et l'apparition de deux clébards. Depuis, le plus gros des chiens jappe après moi dès que je passe devant la fenêtre, en plus de laisser ses excréments partout sur ce qui fut jadis mon oasis de paix.

Le printemps est arrivé, et c'est avec une apréhension indescriptible que j'anticipais le décalfeutrage de la fenêtre de ma chambre. Étant donné que la petite famille d'à côté gagne un membre supplémentaire à chaque saison, je me disais que le dégel du crottin allait sûrement m'apporter une autre belle surprise. Je ne fus pas déçue: la maman s'est fait un chum et ils passent leurs soirées à s'engueuler. Pour la première fois depuis un an, j'ai de la peine pour Petite Peste. Je l'imagine dans son lit, les mains sur les oreilles pour ne pas entendre sa mère sacrer dans la cuisine et cette pensée ne m'aide pas à trouver le sommeil.

Cette année encore, mon passe-temps estival consistera à élaborer des plans machiavéliques qui, s'ils ne réussissent pas à faire disparaître ma voisine, auront au moins l'avantage de meubler mes nuits d'insomnie.


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