dimanche 11 septembre 2005

Je me souviens...

Qu’on le veuille ou non, difficile de ne pas se rappeler ce qu’on faisait cette même journée il y a quatre ans, plus précisément vers les 9 heures. Les événements marquants ont ceci de particulier: leur souvenir s’accompagne du contexte dans lequel nous en avons pris connaissance. Il est aussi facile de se rappeler de notre réaction à une mauvaise nouvelle que de la nouvelle en soi.

Il y a quatre ans aujourd’hui, vers les 9 heures, il était 16 heures là où j’habitais. Je sortais de ma chambre afin de préparer l’ouverture du bar situé sur le toit du Gordon Hostel à Tel-Aviv quand, passant devant la télé de la réception, j’ai vu un immense édifice en flamme. À peine ai-je eu le temps de me tailler une place sur le canapé, entre deux résidents abasourdis, que CNN nous montrait en direct les images d’un boeing fonçant dans un édifice identique au premier.

Vers 16 heures, le 11 septembre 2001, une dizaine de paires d’yeux passaient en alternance du poste de télé à la porte-fenêtre de la réception. Télé, fenêtre, télé, fenêtre, télé et encore fenêtre. Silencieusement, nous redoutions tous la même chose: qu’Israël soit la cible suivante. Voilà des mois que les bulletins de nouvelles nous présentaient des reportages sur l’ire de la population arabe face au soutien financier que les États-Unis offraient à Israël. Si l’attaque visait à punir le gouvernement américain pour son aide à la population juive, il irait de soit que l’état juif serait le prochain visé. Ce serait la troisième guerre mondiale, le monde ne serait plus jamais comme avant. Oui, la face du monde allait changer radicalement.

J’ai écrit ici, il y a quelques semaines, que j’apprivoisais facilement la peur. Je le soutiens. Pourtant j’ai eu sacrément peur cette journée-là. Pas peur pour moi ou pour les Israéliens en particulier, peur pour l’humanité. À Tel-Aviv le 11 septembre 2001, j’ai eu peur pour les hommes, mais j’ai surtout eu peur d’eux.

Sur la porte du bar j’ai écrit : fermé pour cause d’humanité en péril.

Libellés :

2 Comments:

Blogger Catherine a ajouté...

Très beau texte qui me touche beaucoup. J'y ai pensé aussi hier, où j'étais à ce moment précis. Je vais tenter d'en faire le récit plus tard cette semaine.

12 septembre 2005 à 05 h 55  
Blogger Mamathilde a ajouté...

J'étais à Sherbrooke. La ville n'est pas allée au travail. Je demeurais dans le coeur de cette bourgade. Pas de circulation. Le silence. Pas d'enfants qui courent, pas de musique devant les magasins. Le silence.

De là ou j'étais, j'avais l'impression que la poussière s'était rendue jusqu'à nous pour étouffer les bruits. Pour étouffer la vie.

12 septembre 2005 à 12 h 28  

Publier un commentaire

<< Retour chez Galad