dimanche 14 août 2005

Galad phone home

Samedi soir en terminant le boulot, rue Saint-Laurent avec des confrères de travail allant rejoindre des amis au resto-bar Machin. Profond malaise. Mais qu’est-ce que je fous ici? LA rue Saint-Laurent, rue des artifices s’il en est une à Montréal (enfin, probablement la deuxième, après la rue Crescent). Les bars se succèdent, chacun avec sa file d’attente, chacun avec sa musique trop forte. Je suis mes deux comparses en traînant la patte. Je me sens étrangère dans le tohu-bohu de la main. Un seul verre, je leur ai dit, un seul et je rentre à la maison. En chemin, l’un me raconte qu’à la porte on nous demandera combien de bouteilles (de vodka) nous prévoyons commander afin de déterminer si nous avons droit à une table ou non . L’autre m’annonce que je ne pourrai peut-être pas être admise à cause de ma tenue vestimentaire. Vrai, je porte le confortable trio estival jean-camisole-sandales, mais merde, j’arrive de bosser après tout. Faut-il à tout prix avoir des escarpins de dix centimètres, une mini-jupe et un décolleté plongeant sur une poitrine siliconée pour entrer dans un bar? Ce sont les sandales qui ne passeront pas parait-il. Mais qu’est-ce que je fous là moi, à me demander si on voudra bien m’admettre telle que je suis, dans ma ville natale en plus. Je les laisse prendre place dans le line-up et poursuis ma route, seule et soulagée. Partout le long de la rue, rien que de la fausseté, rien que du tape-à-l’œil et des odeurs de parfums, tous plus nauséeux les uns que les autres. Enfin, la rue Prince-Arthur, oasis de paix. Les serveurs commencent à ranger les terrasses, les couples déambulent bras dessus-dessous. Puis le Carré Saint-Louis et ses odeurs d’herbes, hydroponiques ou non, sa nonchalance, ses musiciens improvisés installés autour de la fontaine. Ici, plus personne ne me dévisage, je passe inaperçue. Vivre et laisser vivre. Voilà Montréal telle que je l’aime. Rue Saint-Denis où traînent encore quelques banlieusards profitant de la fraîcheur de la nuit. Plus que deux ou trois minutes et j’y suis. Un dernier effort et je serai enfin là où je me sens vraiment chez moi. Avenue du Mont-Royal, petit bar de quartier où les sandales sont les bienvenues. Petit bar de quartier où chacun a sa place. Justement la mienne est au comptoir, là où j’ai l’extrême bonheur de voir Daniel, Pat, Jean-François et mon Jeff fidèle à son poste. Plus que jamais, j’apprécie chaque câlin, chaque sourire, chaque baiser. J’ai failli vous trahir mes amis, j’ai failli goûter l’herbe du voisin. J’ai failli m'abaisser au point de me sentir gênée d’être ce que je suis dans une cohorte artificielle et vulgaire. Mais je suis là, avec vous, en sandales et heureuse.

C’est tellement, mais tellement bon de se sentir chez-soi.

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12 Comments:

Blogger Catherine a ajouté...

Ah, ce que je te comprends. C'est tellement beurk cette rue. C'est un peu comme quand avec Valérie on était allée à une soirée VIP, parade de mode, au centre-ville, la soirée la plus glamour de l'été ils disaient (j'aurais dû me méfier!). Et bien je me sentais comme le dernier légume bio dans un comptoir de légumes OGM. J'avais hâte en chien de retrouver ma salade un peu poquée mais qui goûte bon la nature et le soleil.

14 août 2005 à 08 h 02  
Blogger Mamathilde a ajouté...

Quand ça me tente, je peux me donner le look qui passe sur ce genre de rue. Le problème c'est que le coeur ne suit jamais. Il reste accrocher quelque part dans la porte d'entrée. Et je me sens mal et tout petite. Et j'ai l'impression que tous les regards en coins sont gavés de mesquineries.

Alors, comme toi, je préfère les endroits chaleureux où la tenue vestimentaire importe peu et que l'humanité prime.

14 août 2005 à 09 h 32  
Anonymous Anonyme a ajouté...

Galad,

tu m'as fait faire un tour "down memory lane" en te lisant...
La banlieusarde que j'étais en 1977 a découvert cette artère, à l'époque très mal famée de la grande métropole urbaine. Alors que je m'ouvrais à d'autres cultures que la mienne,j'arpentais inlassablement cette "infameuse" rue... Pour y découvrir les charcuteries hongroises ou polonaises,les délices de la Vieille Europe, les épices de Chez Anatol,le dulce de leche de la Librairie espagnole, les fils à crocheter des portugais qui les vendaient à un prix dérisoire ( encore fallait-il trouver LA boutique), les chaussures italiennes à un prix ridicule, et ces petits restos genre cafétéria.....Fréquentés que par les autres ethnies ( forcément que c'était bon), j'y mangeais en écoutant souvent une musique dont je ne comprenais absolument rien, et je me laissais transporter.....AILLEURS.
Début des années '90, c'est avec mon fils, chacun un sac à dos vide, que j'allais faire mes provisions...On quittait le dos courbé sous le poids des merveilles qu'on avait déniché...Aujourd'hui, j'y vais, comme on va chez le dentiste, avec l'idée d'en partir le plus rapidement possible. Je ne trouve plus ce plaisir de découvertes...une fois au nord de la rue Sherbrooke, alors que je roule à côté des Mercedes, Jaguar,Hummer,qui ont été garés par un valet, rien de moins... je souhaite uniquement me trouver un parcomètre pas trop loin des "mes boutiques", entrer et ressortir en moins de 2. Ah si seulement mes commerçants préférés décidaient de s'installer au nord de l'avenue Mont-Royal...J'y serais quasi religieusement chaque semaine.

14 août 2005 à 11 h 39  
Blogger Patrick Dion a ajouté...

Moissi j't'adore Di !

14 août 2005 à 12 h 44  
Anonymous Anonyme a ajouté...

Il faut bien voir ce que l'on veut bien voir. Moi je pourrais vous dire que la rue St-Laurent demeure encore tres "trash" et confortable a quelques pas de la. Aller au Miami ou au Biftecck boire une couple de pichet de Boreale rousse se fait encore sans probleme. C'est sur qu'il y a une couple de bars de m'as-tu-vu mais venez pas me dire que l'avenue Mont-Royal avec ses Bily Kun et autres Edgar Hyper taverne avec leurs attitudes tout aussi a chier que la rue St-Laurent sont invisibles. C'est clair qu'on a ses reperes. Mais en regardant bien, la rue St-Laurent et le Plateau avec son avenue Mont-Royal, c'est PAS MAL du pareil au meme. Sandales en sus, j'imagine.

15 août 2005 à 07 h 41  
Blogger Galad a ajouté...

Tu as probablement raison N.E, tout est une question de perspective. Pourtant, j'habite le plateau depuis une dizaine d'années et, bien que le quartier devienne de plus en plus glamour, je ne me suis jamais sentie exclue comme ce fut le cas samedi soir.

Comme l'a si justement écrit Loba un peu plus haut, la rue Saint-Laurent fut très riche à une époque, grâce à sa diversité culturelle. Ce qui me désole maintenant, c'est de constater que l'artère est devenue une espèce de huis-clos qui se donne une importance injustifiée selon moi.

Mais bon, chacun sa tasse de thé j'imagine.

15 août 2005 à 09 h 22  
Blogger Daniel Rondeau a ajouté...

C'est vrai qu'en sandales, on sent pas mal plus chez soi... :)

Sois assurée que je combattrai toutes les rues que tu veux avec mes câlins!

16 août 2005 à 08 h 26  
Blogger Bertrand a ajouté...

Finalement la partition c'est ptet pas si pire...:-)

18 août 2005 à 22 h 29  
Blogger Galad a ajouté...

Daniel: Justement, y'a la rue Ste-Catherine qui me cause une petite douleur juste ici. ;o)

Bertrand: Oui, surtout si c'en est une des Beatles, paraît que ça vaut cher. Bon retour en ville!

19 août 2005 à 08 h 25  
Blogger La Souris & Myrrha a ajouté...

N.E.: Tu vas probablement dans les mauvais bars du plateau! :)

Galad: L'été dernier, je suis passée sur cette rue pour me rendre au B... à pied. S'il y a une chose que j'ai constaté c'est à quel point les gens qui fréquentent ces endroits sont tous pareils.

Personne n'a sa propre identité, ils semblent tous s'être basé sur un modèle passe-partout pour "fiter" dans le moule.

Les gars essaient tous de flasher en paradant dans leur BMW de l'année et les filles trimbalent leurs implants et leurs sacoches Gucci.

*eurk*

20 août 2005 à 15 h 00  
Anonymous Anonyme a ajouté...

la souris...
Je na vais plus dans les bars. A part un 5@7 occasionel.

22 août 2005 à 11 h 19  
Blogger La Souris & Myrrha a ajouté...

Ah, ah! Alors on parle à travers son chapeau! ;)

22 août 2005 à 18 h 28  

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