mercredi 9 novembre 2005

Passer au peigne fin

En relisant mon dernier billet sur les méthodes de sécurité j’ai eu envie de vous raconter ma dernière sortie d’Israël. C’était à la fin du mois d’octobre 2001, soit environ six semaines après les attentats du WTC. Comme j’en étais déjà à ma troisième sortie du pays, j’étais on ne peut plus consciente de la nécessité d’arriver à l’aéroport Ben Gourion plusieurs heures à l’avance. J’étais donc à la porte dudit aéroport plus de deux heures et demie avant le départ du vol en direction de Toronto.

Dès que j’ai passé la porte, on m’a prise en charge. Quatre jeunes gens en uniforme m’ont entourée : le premier a quitté avec mon passeport, le deuxième avec mon billet d’avion, la troisième s’est emparée de mes sacs et la quatrième s’est emparée… de moi.

La première étape consistait à vérifier mes bagages. Après quelques questions d’usage, mon escorte m’a fait entrer dans une aile du bâtiment où deux jeunes femmes avaient commencé à étendre mes vêtement et mes objets personnels sur trois grandes tables brunes disposées en U. Inutile de préciser qu’après un an et demi sur la route, des objets personnels, ce n’est pas ce qui manquait! Outre mes vêtements, j’avais un djembé sénégalais de près de dix kilos, une grosse shisha (une pipe à eau typique du Proche-Orient) que j’avais achetée à rabais dans un Souk de Jaffa, des livres, des cahiers de notes, des photos, un discman et une centaine de disques, quelques roches (une très vieille habitude), des coquillages, etc. Toutes ces choses se sont retrouvées étalées sur l’une ou l’autre des tables brunes pour un premier inventaire. Ensuite, un technicien est venu chercher mon appareil-photo, mon discman et mon petit réveil-matin en plastique pour les faire inspecter au laboratoire. Quant aux deux femmes, elles ont commencé à scanner un par un, à l’aide de détecteurs de métal, tous mes effets. TOUS mes effets. Pendant qu’elles étaient à leur besogne, mon escorte, qui ne me lâchait pas d’un poil, m’a menée dans un bureau un peu en retrait.

Deuxième étape : vérification de mon identité et des détails de mon voyage. Dans le bureau m’attendait une autre femme derrière un ordinateur. Cette étape je la connaissais bien. C'était toujours la pire parce que je devais mentir : hors de question de dire que j’avais travaillé au noir pendant un an. Il me fallait non seulement avoir une histoire crédible, mais il fallait qu’elle concorde avec le baratin que j’avais inventé au ministère de l’intérieur quelques mois auparavant lors de la demande de prolongation de mon visa. La femme voulait TOUT savoir : les endroits où j’avais habité, les amis que j’avais eu, leurs noms, leurs pays d’origine, comment j’avais les moyens de voyager sans travailler, si je parlais hébreu, quels étaient les mots que j’avais appris, si j’étais allée dans des colonies, chez qui exactement et pourquoi, si j’étais allée à Jérusalem-Est ou dans la bande de Gaza, ce que j’étais allée faire en Égypte, pourquoi je n’avais pas d’adresse fixe à Montréal, etc. La plupart des informations étaient vérifiées par la femme dans son ordinateur. J’ai dû être crédible puisque mon escorte m’a reprise par le bras en me demandant de la suivre.

Troisième étape : enfin un peu de plaisir! Nous avons marché quelques minutes pour arriver, au détour d’un couloir, dans un réduit tout blanc. L’escorte m’a dit être désolée mais qu’elle devait faire ce qu’elle s’apprêtait à faire. Puis elle a enfilé des gants de latex.

À suivre…

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4 Comments:

Blogger Mamathilde a ajouté...

Galad! Tu peux pas nous laisser sur un suspense pareil!

10 novembre 2005 à 20 h 17  
Blogger Galad a ajouté...

Hahaha! P'tite vicieuse, va!
;o)

11 novembre 2005 à 04 h 26  
Blogger Daniel Rondeau a ajouté...

Ils ont fait ta vaisselle!?! Sont gentils, en Israël!

11 novembre 2005 à 12 h 33  
Blogger Galad a ajouté...

C'est peut-être pour ça que je suis passée à la casserole...

11 novembre 2005 à 20 h 53  

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