jeudi 25 octobre 2007

Brigades d'hier

La première fois qu'on m'a demandé ce que je voulais faire plus tard, j'ai répondu, du haut de mes cinq ans, que je serais brigadière. Pas d'ambitions, vous pensez? Eh bien détrompez-vous! La dame au dossard orangé qui me faisait traverser le petit boulevard sur le chemin de la maternelle était la personne qui me semblait la plus heureuse du monde. Toujours souriante, beau temps mauvais temps, elle avait de belles grosses joues toutes rouges et des petits yeux rieurs. Voilà des décennies que j'ai oublié son nom, mais je me rappelle qu'elle nous demandait tous les matins si nous avions bien dormi et au retour le soir, elle insistait pour qu'on lui montre les bricolages qu'on avait fait durant la journée. C'est avec une grande fierté que je lui montrais le dessin au crayon feutre d'un oiseau qui ressemblait à un hélicoptère écrasé ou un auto-portrait en bonhomme allumette. Et c'est avec un sourire tout a fait crédible qu'elle me disait que j'étais une très grande artiste. Moi je la croyais, comme je croyais qu'elle avait le plus beau métier du monde.

Cette histoire m'est revenue en tête en croisant les brigadières du boulevard St-Joseph ce matin. Si je suis toujours aussi nulle en dessin, les traverseuses fluorescentes semblent, quant à elles, avoir perdu leurs jolis sourires. Peut-être que ce sont les enfants qui ont changés. Ou le monde en général. Je me suis demandé si elles portaient une arme dans certains quartiers de la ville. En tous les cas, même si je n'ai toujours pas de plan de carrière bien défini, je me félicite de m'être détournée de ma première «vocation».

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samedi 13 octobre 2007

Question de principe

J'ai toujours éprouvé un profond malaise en pensant à ces prétendus voyageurs qui se rendent, année après année, dans des «tout inclus» des Caraïbes. Je n'ai jamais pu comprendre comment on peut relaxer dans ce type de paradis artificiel. Comment peut-on s'empiffrer au buffet de l'hôtel quand la population de l'autre côté du mur meurt littéralement de faim? Comment peut-on prétendre aimer un pays quand tout ce qu'on en a vu c'est son beau sable jaune et son eau turquoise? Comment peut-on prétendre connaître une population quand on passe une semaine entouré de touristes et que notre seul contact avec les autochtones se résume à laisser quelques dollars américains à la femme de chambre?

Je ne veux pas juger les gens qui s'offrent ce genre de vacances, chacun son truc, mais ça me désole de penser aux populations locales qui n'auront jamais les moyens de passer ne fut-ce qu'une journée dans le spa entouré de palmiers qu'on a installé sur leurs propres terres.

Oui, ça me désole. Mais il y a parfois des circonstances atténuantes: comme quand il nous reste une semaine de vacances à prendre, qu'on se les gèle sous la pluie depuis six jours et qu'on se fait offrir d'aller prendre un bain de soleil gratuitement en République Dominicaine. D'un côté, la pluie glaciale et les beaux principes, de l'autre, un bikini et la douce chaleur du soleil.

L'avion décolle dans quelques heures. Mes principes peuvent bien m'attendre une petite semaine, non?

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