samedi 25 mars 2006

Analogie syndicale

Imaginons une entreprise d'une quarantaine d'employés. Non, allons-y plutôt par analogie. Imaginons une ferme d'une quarantaine d'animaux, le directeur étant ici représenté par le fermier. Disons que la ferme compte une dizaine de chèvres, autant de chevaux, une vingtaine de poules et quelques canards.

Le fermier a un ami sur la ferme, un des chevaux qu'on appellera Georges. Ils font la route ensemble tous les matins, dînent ensemble tous les midis et s'organisent même des soupers avec leurs conjointes les week-ends.

Imaginons maintenant qu'un certain jeudi matin, Georges aborde tous les autres animaux un à un, en insistant sur le caractère strictement confidentiel de la conversation, et leur annonce qu'il veut qu'ils adhèrent tous à un syndicat. Quand une des chèvres lui demande de quelle association il s'agit, Georges lui répond qu'elle est indépendante. Il ne peut rien dire sur le coût des cotisations, se contentant d'affirmer que ce n'est pas cher. Aux rares animaux qui préfèrent attendre d'avoir plus d'informations avant de signer quoi que ce soit, le cheval, vert de rage, répond qu'il n'y a rien à savoir et qu'il faut impérativement signer avant la fin de la journée.

Le lendemain matin, seules deux chèvres (qu'on appellera Galad et Gimli) n'ont pas signé la fameuse carte, ces dernières trouvant très suspect que l'initiative d'un syndicat soit prise par celui-là même qui passe tous ses temps libres avec le patron. En discutant avec sa consoeur, Galad apprit que ses doutes étaient fondés: la veille, le fermier avait isolé Gimli dans un coin retiré de l'enclos et lui avait dit qu'elle devait absolument signer, que tous les autres animaux l'avaient fait. Avant de la quitter, il l'avait intimée de bien garder sa langue. Si Gimli s'avisait de dire à quiconque que le patron était au courant, il la ferait passer pour une menteuse et lui attirerait de graves ennuis.

* * *

Imaginons que cette histoire soit vraie et qu'elle se passe ici, à Montréal. Quelle motivation pourrait bien pousser un grand patron à aller jusqu'à intimider ses employés pour qu'ils se syndicalisent?

Votre narratrice ne sait vraiment, mais vraiment pas quoi en penser...

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jeudi 23 mars 2006

Il y a des jours comme ça...

Il était une fois, il y a très longtemps, un cultivateur qui avait réussi à créer un nouveau légume. Au bout de plusieurs années de labeur, son produit était enfin au point. Il décida de le nommer "oignon" et réussit à décrocher un rendez-vous avec le roi afin de le lui présenter. C'est ainsi qu'un beau matin, vêtu de ses plus beaux atours, notre paysan pris la route en direction du château, traînant derrière lui une pleine charrette de ses plus beaux oignons.

Le roi, intrigué par ce nouveau légume, convoqua son cuisinier et lui ordonna d'apprêter l'oignon de toutes les façons possibles. Moins d'une heure plus tard, une bonne douzaine de serveurs lui présentèrent des plats d'oignons mijotés, frits, en sauce, en salade, avec des viandes de toutes sortes et des épices des plus raffinées. Le souverain aima tout ce qu'il goûta et assura le paysan qu'une belle récompense l'attendrait à sa sortie. Chose promise chose due, la charrette avait été vidée de ses légumes et remplie de pièces d'or.

Le cultivateur d'oignon avait un voisin. En voyant passer la pleine charrette d'or devant son champ, ce dernier sourit discrètement. "Si le roi lui a offert autant de richesse pour des oignons, il m'en remettra au moins dix fois plus quand il goûtera au légume que j'ai moi-même créé: l'ail." Vers la fin de la semaine, après qu'il eu sélectionné les bulbes les plus gros, les plus blancs, il emplit sa charrette et prit, à son tour, la route en direction du château.

Comme il l'avait fait pour son prédécesseur, le roi accueillit notre deuxième paysan avec beaucoup d'égards. Intrigué par les bulbes, il les ouvrit en gousses et les observa longuement avant d'appeler son cuisinier afin que celui-ci apprête le légume nouveau comme il l'avait fait avec l'oignon. À peine eut-il le temps d'échanger quelques banales mondanités avec son visiteur qu'on lui amena une vingtaine de mets agrémentés d'ail sur autant d'assiettes dorées. Il goûta tout: les soupes, les sauces, les salades, les viandes et les poissons, avant de déclarer qu'il n'avait jamais goûté meilleurs plats. Le souverain avait presque la larme à l'oeil quand il dit au paysan qu'il avait changé sa vie, qu'il lui en serait toujours reconnaissant.

Un serviteur fut chargé de reconduire notre paysan jusqu'à sa charrette. Alors qu'il traversait les différentes pièces du château, il jubilait déjà en rêvant à tout ce qu'il pourrait s'offrir avec sa montagne de pièces d'or. Toutefois, en arrivant dans la cour, il constata que ladite charette, vidée de tous ses bulbes d'ail, avait été remplie... d'oignons.

Il y a des jours comme ça...

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dimanche 12 mars 2006

Les joies de la mi-saison

Lui: Il fait chaud aujourd'hui, j'avais l'air fou sur la rue avec ma tuque et mon Kanuk quand les gens se promenaient en t-shirt.

Elle: Je pense qu'il serait temps de la remiser, ta tuque.

Lui: Ah non! J'me connais, si j'enlève ma tuque à ce temps-ci de l'année, j'vais me taper une vaginite à levure.

samedi 11 mars 2006

À qui la chance?

Z'avez vu ça, en première page du cahier Carrières de La Presse, on peut lire en gros titre: "Des blogues pour l'emploi". Quelques centimètres plus bas, on nous apprend que les blogues bien entretenus peuvent être des outils précieux "pour faire valoir son expertise et dénicher emplois et contrats".

Je me suis surprise à rêver quelques secondes. Et si Galad autour du monde pouvait me donner l'emploi rêvé... Rien de nuit, ni de très tôt le matin, pas de patron arrogant ni de subalternes parresseux, congé le week-end, l'été et les jours fériés, salaire dans les six chiffres, plan dentaire et médical... Des intéressés?

Ça m'a rappelé cette histoire de Socrate qui avait été mis en vente comme esclave. On le sait, le philosophe n'était ni beau, ni particulièrement bien bâti. À un acheteur curieux qui lui demandait ce qu'il savait faire, il aurait répondu: "Je sais commander. Quelqu'un se cherche-t-il un maître?"

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