lundi 30 mai 2005

Libérez-nous des nombrils!

Il y a eu les grands bleus de février, certains étirés jusqu’en mars. En avril, on a senti un bourgeon d’espoir et maintenant, fin mai, on se croirait revenu en février. De billets en billets, tout est gris, tout est solitude mal acceptée, tout est nombril.

Les médias nous reposent la sempiternelle question de la trop rare implication politique des personnalités publiques, notamment dans le monde de l’humour. Encore, hier après-midi, un débat sur la question à Télé-Québec. Il y a ceux qui croit que l’humour ne sert qu’à divertir, et d’autres qui s’attendent à ce qu’il nous incite à une réflexion sociale et politique.

Qu’en est-il des blogs? En ce qui me concerne, j’apprécie tout autant ceux qui me font sourire, pleurer ou rire de bon cœur que ceux qui me font me questionner. Pourtant, depuis quelques semaines, j’ai souvent du mal à trouver l’un ou l’autre. Non seulement ais-je l’impression de lire un journal intime, à droite et à gauche, mais les nombreux commentaires que ces billets suscitent me font croire que je lis un courrier du cœur. On dirait que les lecteurs en redemandent.

Est-il normal que tout le monde semble toujours d’accord sur les blogs. Ne pourrait-on pas utiliser ce précieux outil qu’est l’internet pour discuter à l’occasion? Échanger des idées plutôt que de simples témoignages de croissance personnelle? À la demande insistante de quelques amis, j’ai tenté de glisser deux ou trois textes inspirés de mes voyages, plus précisément de mon année passée au Proche-Orient. Là dessus, aucune réaction. Je vous l’accorde, le récit d’un attentat ayant tué une dizaine d’adolescents n’est pas très jojo, pas plus que celui d’un ami ayant dû être emprisonné pour avoir refusé de participer à la guerre, mais bordel, c’est la réalité que vivent des milliers, voire des millions de personnes à travers la planète. Notre silence, notre indifférence et notre nombrilisme sont justement ce qui nourrit la connerie gouvernementale. On se définit comme une génération allumée, pourtant on préfère trop souvent s’enliser dans la pop-psycho que de s’ouvrir les yeux et regarder plus loin que le bout de son nez.

Je vous le dit, il y a des coups de pied au cul qui se perdent.

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dimanche 22 mai 2005

Souvenirs séléniques

La Ford LTD roulait à vive allure sur l’autoroute, au rythme d’une vieille cassette 8-track de Johnny Cash. Le jour était à peine levé, c’était l’heure où le soleil se partage le ciel avec la lune. Nous partions toujours très tôt quand nous allions au Lac St-Jean pour les vacances. Je devais avoir cinq ou six ans. Confortablement étendue sur la banquette arrière, je regardais le ciel.

- Regarde Papa, la lune sera bientôt pleine!

- Désolé petite mais elle décroît, au contraire.

- Comment on fait pour savoir?

- Et bien vois-tu, la lune est menteuse : quand elle croît, elle prend la forme d’un D et elle prend la forme d’un C quand elle décroît. Du moment qu’on connaît son truc, on ne peut plus se tromper.

Papa avait toujours une réponse à mes questions. Il jeta un regard dans le rétroviseur afin de voir si son explication semblait m’avoir satisfaite et sourit.

Je me demande s’il a pu, à cet instant, s’imaginer que 25 ans plus tard je repenserais à son histoire chaque fois que je regarde la lune…

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samedi 21 mai 2005

Le prix de la paix... de conscience

(Écrit pour le collectif Coïtus Impromptus. Le thème de la semaine: Gate number J-10)

Amnon avançait d’un pas régulier, escorté par deux militaires. C’était le prix à payer, il en était conscient. Ces dix dernières années, c’est-à-dire depuis la fin de son service militaire obligatoire, il avait – bien malgré lui – offert deux semaines par année à l’armée israélienne, c’était son devoir de citoyen. Cette fois-ci, la situation politique était différente : voilà deux mois que la deuxième intifada avait été officiellement déclarée. Amnon savait que cette année on l’aurait obligé à utiliser son arme. Il avait été affecté à la gate J-10 à Hébron, en Cisjordanie, à une trentaine de kilomètres au sud de Jérusalem. Il avait passé quatre jours et quatre nuits à lire et relire la convocation avant de téléphoner pour annoncer son refus de participer à la guerre. Le capitaine lui avait alors rappelé l’extrême gravité de sa décision. Il devrait purger une peine d’emprisonnement d’au moins dix jours. Amnon aurait bien fait cent fois cette peine plutôt que d’avoir à pointer son arme sur un être humain, de quelque croyance religieuse fut-il. Peu lui importait, au fond, d’être considéré comme un traître par ses pairs.

Les deux militaires firent entrer Amnon dans la cellule étroite. Lorsque la grille se referma derrière lui, il versa une larme, conscient qu’avec ou sans lui, cette guerre aurait tout de même lieu.

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mercredi 18 mai 2005

Petite soirée entre blogueurs

J'avais prévu n'y aller que le temps d'un verre, histoire de faire acte de présence avant de me blottir dans mes couvertures devant quelques films. Il y avait Oldcola, un blogueur d'outre Atlantique fraîchement débarqué dans notre belle ville et le mot avait rapidement circulé. Voilà, je dois être absolument nulle en prévisions parce qu'une fois installée devant un bon cognac, une fois entourée de beaux sourires et de bons moments de complicité, j'ai complètement oublié la petite soirée de cinéma-maison et j'ai eu un sincère plaisir avec mes compagnons habituels, en plus de faire de très belles rencontres. Les verres se sont succédés presqu'aussi rapidement que les flashs aveuglants des nombreuses caméras et la soirée s'est finalement révélée délicieuse.

Lady Guy a très bien su capter quelques moments mémorables.
Aussi, quelques jolis clichés en noir et blanc chez Catherine.
À voir!

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samedi 14 mai 2005

Bonjour les tout p'tits!



Non mais dites-moi, à quoi ont-ils bien pu penser?

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mercredi 11 mai 2005

Généalogie

Cette histoire a commencée au printemps 1994, le jour où Rick a recueilli une petite chatte noire. Toute mignonne, elle était pourtant absolument détestable et fut rapidement baptisé « Get The Fuck » par son nouveau maître. Quand Rick déménagea de la rue Querbes – au grand soulagement de Louise qui commençait à élaborer des plans machiavéliques pour se débarrasser de la manufacture de crottins – Get The Fuck fit la connaissance de Tifounet, le gros matou tigré de Renaud. En moins de temps qu’il ne le faut pour crier « get the fuck out of here », la chatte arbora un énorme ventre et quatre chatons virent le jour. Aussitôt sevrés, ceux-ci furent rapidement dispersés chez des connaissances sauf un, le sosie du père, qui fut assigné à Yannik. Avant même que Ti-Pout, c’était son nom, fut recueilli par son nouveau propriétaire, il fit un tour de passe-passe à Get The Fuck et lui laissa, en souvenir, son incestueuse semence. Encore une fois, la chatte noire devint grosse et donna naissance à plusieurs chatons, dont un gris tigré que je décidai d’adopter. Pas très douée pour les noms d’animaux, je le nommai simplement Ti-Minou. Il se fit rapidement plusieurs potes dans l’immeuble et étendit même son cercle d’influence jusqu’à la ruelle. Pas une semaine ne passa sans qu’il ne revienne de ses expéditions nocturnes avec une oreille écorchée, un œil enflé ou encore un lot de puces. Qu’à cela ne tienne, les vétérinaires sont là pour ça! Ti-Minou fut, pendant de belles années, aux petits soins des nombreux chambreurs qui se succédèrent dans mon immense appartement, jusqu’à ce qu’il rentre un soir avec un truc incurable nécessitant l’euthanasie. Heureusement, quelques mois avant l’accident fatal, Ti-Minou avait accepté un rendez-vous romantique avec Luna, la petite chatte noire de Geneviève. Du lot de chatons nouvellement arrivés, je choisi un mâle et une femelle, tous deux tigrés gris et blanc comme leur père, leur grand-père et leur arrière-grand-père. Mali et Maya furent leurs noms respectifs. Moins fous que leurs aïeux – Dieu merci – ils furent instinctivement du type chats de maison et nécessitèrent moins de soins médicaux que leur prédécesseur. À mon départ du pays, mes deux amours furent confiés à Vavavoum qui les combla d’affection. Mali mourut quand même des suites d’une grave infection, mais Maya, quant à elle, survécut. C’est elle qui est étendue à ma droite en ce moment, épiant les pigeons par la fenêtre du salon. Elle me jette de ces regards tendres depuis tout à l’heure. 
Te rappelles-tu, Maya, avoir eu une portée il y a quelques années ? Te rappelles-tu de Shiva, celle qui te ressemblait tant ? Elle habite depuis longtemps en campagne, chez Yannik et Geneviève, et vient de donner naissance à un lot de petites boules de poils tigrés…

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lundi 9 mai 2005

Parce que c'est la journée des citations...

Hier soir, au Lion d’Or:

Jeff : Tu vas voir, ça se lit comme un gant.

Pascale : Comme un gant? Moi un gant, j’mets ça quand il fait froid.

Diane : Justement, c’est un bouquin qui se lit à froid.

Pascale : Désolée, mais gant ou pas, la poésie me laisse froide…