vendredi 19 novembre 2004

Commettre l'irrémédiable

Il y a une dizaine d'année, j'ai rencontré une fille: Julie ou Sophie, je ne me rappelle plus trop. Ce dont je me souviens très bien c'est que son projet de "carrière" était de fonder une maison de suicide assisté. Pas seulement pour les gens en phase terminale, mais pour la population en général. Elle croyait fermement que tout le monde avait le droit de mourir dignement même si c'était de découragement moral. Son rêve consistait donc à tenir la main de ces personnes pendant tout le processus, de la rencontre avec la famille jusqu'au point de non retour, en passant pas la rédaction de la fameuse lettre que la plupart des suicidés laissent derrière eux. Quand je repense à cette fille, une image me revient constamment en tête: lors d'un documentaire dans le cadre de l'émission "Caméra 88", ou quelque chose du genre, on nous avait présenté un jeune homme qui s'était tiré une balle dans la gueule. L'homme avait survécu, mais défiguré (il va sans dire) et avec des séquelles très graves. Malgré tout, il s'accrochait maintenant à la vie. Il regrettait amèrement son geste, non pas parce qu'il n'en était pas mort, mais bien parce qu'il ne voulait plus mourir.

Je suis tout à fait pour le suicide assisté dans les cas de maladies incurables, mais il serait important qu'un comité d'éthique sérieux se charge d'en déterminer les périmètres de façon très claire. Quant au projet de Julie, dix ans plus tard, je ne sais toujours pas quoi en penser.

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1 Comments:

Blogger Lagreff a ajouté...

Pour le suicide assisté en cas de maladie incurable, 100 % d'accord.
Un ami m'a rappelé une émission de Claire Lamarche où témoignaient des gens qui avaient manqué leur suicide, dont un des zigs qui s'était tiré un coup de carabine dans la tronche. Pour reconstruire sa bouche, on avait pris son anus, remplacé par un tuyau. Fallait voir ce mec, la face toute décâlissée, dire avec son trou de cul : Je n'ai jamais été aussi heureux !
Le choix de se suicider est propre à chacun, mais il ne faut pas oublier que même s'il s'agit de la détresse la plus profonde, même si on pense avoir atteint le fond du baril, l'état suicidaire en est un de dépression "momentanée". La dépression, ça se guérit, même si on pense ne pas en avoir la force. C'est pourquoi je ne suis pas d'accord avec l'idée de ta chum en cas de détresse psychologique. Une telle maison devrait exister par contre pour permettre aux Manon Brunelle de ce monde de mourir dignement, dans leur pays, avec leurs proches.
Pour l'avoir moi-même "essayé", je puis te dire que je suis crissement heureux de m'être manqué et d'être en vie pour pouvoir te donner mon avis.
Santé !

20 novembre 2004 à 14 h 57  

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