lundi 31 octobre 2005

La loi du cadenas, nouvelle version

«Un cadenas ne nous protège que des gens honnêtes : le bandit trouvera toujours le moyen de le couper s’il le désire
Mon père

Avez-vous écouté les nouvelles hier? Selon Radio-Canada, il y aurait 250 accès non protégés entre le Canada et les États-Unis. De ce nombre, il y en aurait 107 juste au Québec. Une centaine de routes sans barrière de sécurité, sans douanes. Pourtant, je suis certaine que la très grande majorité d’entre nous passons gentiment par les douanes quand nous voulons traverser du côté de l’oncle Sam. Comme des moutons bien élevés, nous faisons la file, attendons patiemment notre tour, répondons aux questions des douaniers et ouvrons le coffre arrière de notre voiture si demandé. Pourquoi? Parce que nous sommes honnêtes. Parce que nous n’avons rien à cacher.

Vous vous rappelez sûrement, il y a quelques années, un gentil ministre fédéral a instauré un nouveau système de contrôle des armes à feu. Non seulement ce programme nous a coûté 2 milliards de dollars au lieu des 2 millions prévus (ce qui en soit est déjà inacceptable), mais il est légitime de douter de son utilité. Bien entendu, les pères de familles sans histoire sont allés déclarer leur carabine de chasse, en bons citoyens. Mais pensez-vous que les braqueurs de banques ou les membres de gang de rue ont tremblé devant l’annonce de ce programme? Y a-t-il quelqu’un pour croire qu’un seul d’entre eux soit allé chercher le formulaire de déclaration, ait pris un numéro, se soit assis pendant des heures dans une salle d’attente avant de rencontrer un fonctionnaire qui l’ait redirigé vers une autre salle d’attente donnant sur un autre bureau d’où il aurait pu recevoir le papier jaune lui donnant accès à l’étape suivante? Bien sûr que non : il n’y a que notre père de famille honnête qui affrontera les bureaucrates, qui perdra probablement une journée entière de travail parce que les bureau ne sont ouverts que cinq heures par jours, du lundi au vendredi. Enfin, vous voyez le topo.

Depuis que tous les pays du monde resserrent leurs méthodes de sécurité devant la menace terroriste, c’est encore le gentil citoyen qui doit payer, au sens propre et figuré. Non seulement notre mouton bien élevé payera à même son salaire de misère pour tous les frais que de telles mesures comportent, mais ce sera lui qui devra patienter de plus belle, ce sera lui qui devra répondre aux nombreux questionnaires de plus en plus précis. Pendant ce temps, des meutes entières de loups passeront par la porte d'à côté. Parce qu'elle est ouverte, simplement.

Honnêtes citoyens, sommes-nous cons ou quoi?

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lundi 24 octobre 2005

Les mots en berne

Comme dirait feu Jean Leloup, il m’arrive parfois d’avoir de grands instants de lucidididididididité. Alors que ces moments devraient m’inspirer quelques textes à vous mettre sous la dent, j’ai plutôt l’impression d’avoir les mots en berne. Même l’actualité me laisse coite, c’est tout dire. Je pourrais, bien entendu, vous causer de mes peines et mes joies, tenter de vous provoquer ou encore de vous faire rire, mais vous le faites déjà si bien. Qu’est-ce que la tristesse, si ce n’est celle de Lady Guy qui a perdu son père? Qu’est-ce que le bonheur, si ce n’est celui de Daniel, dont la famille s’agrandira au printemps? Et le courage, si ce n’est celui d’Hélène qui s’est battue contre un cancer?

Après ces bains d’émotions en vous lisant, que pourrais-je dire de plus? Que j’ai entendu un punk décliner du latin au métro Laurier? Que je n’en dors plus depuis que j’ai vu les photos avant-après de la petite Angela Fatino qui s’est suicidé à 15 ans, après s’être laissé voler sa jeunesse par le Crystal Meth? Que je n’arrive plus à respirer quand je pense que moi aussi je pourrais perdre mon père? Que j’ai souvent du mal à me supporter moi-même?

Il fut une époque où je n’aurais eu qu’à me rouler un pétard pour vous raconter tout ça, ou encore pour penser à autre chose, mais je n’en ai plus envie. Mes petites réserves vertes seraient fort probablement encore en train de sécher dans un fond de tiroir si les policiers ne me les avaient pas saisies il y a trois ans.

Oui, j’ai maintenant de grands instants de lucidité. Pourtant, aujourd’hui elle ne doit être que partielle puisque je n’ai aucune idée de pourquoi je vous raconte tout ça…

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samedi 15 octobre 2005

Sinnin' in the rain

La pluie qui n’en fini plus de tomber n’arrive qu’à demi à masquer une génération en manque d’ancrage. La pluie qui lave les rues de Montréal rend à peine moins visibles, aux carrefours, ces jeunes qui échangent des billets verts contre quelques sachets d’espoir.

La nuit, les nuages épais laissent toujours voir les satellites qui sont au dessus.
Dire que j’ai déjà cru qu’il s’agissait d’étoiles…

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vendredi 14 octobre 2005

Madame, je vous emmerde

Entendu ce soir dans le métro:

- Tu sais ce qui m'a le plus énervée pendant mes vacances?
- Quoi donc?
- Le bruit de la mer le soir quand j'essayais de dormir. C'était vraiment trop fort.

Quelle connasse! L'an prochain, vas donc passer tes vacances en Irak. À ce qu'il parait, avec toutes les explosions, on n'entend presque plus la mer.

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vendredi 7 octobre 2005

J'écris parce que je cuisine mal

Il fut un temps, pas très lointain, où on me disait bonne cuisinière. Très rares étaient les soupers où les convives ne se servaient pas une deuxième assiette. Je ne sais pas si ce sont mes années passées à l’extérieur ou bien si je suis rendue distraite avec le temps, mais je rate maintenant au moins un repas sur deux. Mon homme se plait même à rebaptiser mes recettes : la sauce hollandaise est devenue roche au beurre et mes pâtes crémeuses au thon se sont mérité la gentille appellation de pâtes à saveur de néant. Encore hier, je me proposais un sauté de poulet émincé avec légumes caramélisés sur un lit de riz brun. Devinez quoi, le poulet était un peu sec, les légumes trop croquants, la sauce sucrée au vin blanc était en quantité insuffisante et le riz absolument immangeable! Heureusement, j’ai mes bons vieux classiques dont on ne se lasse pas, le comfort food comme disent les anglos : ma sauce à spaghetti n’a rien à envier à la vôtre, mon bœuf aux légumes est excellent et mes soupes sont toujours aussi réconfortantes. Toujours? enfin presque. Au menu ce soir, soupe au chou et légumes de saison dans un bouillon de poulet maison, et bien croyez-le ou non, elle ne goûtait rien.

Au bord du désespoir, je me tourne vers vous mes amis. À ceux d’entre vous qui meurent d’envie de m’offrir un cadeau de Noël cette année, s’il vous plait, pensez à un livre de recettes. Je crois en avoir grandement besoin. Mon homme vous en sera éternellement reconnaissant, j’en suis certaine.

Mais attention! N’allez surtout pas, pris d’un élan de pitié pour le pauvre homme, lui offrir des coupons de restaurant. Celle-là, je ne la trouverais vraiment pas drôle.

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mercredi 5 octobre 2005

Merci Pat...

Comme je remplace une dame à l'administration de la boite ces temps-ci, je me suis dis que j'allais profiter de mon horaire de jour pour écouter l'émission Mal de Blogue. Donc, à mon arrivée au bureau ce matin vers 9 heures, je m'empresse de synthoniser CISM sur le petit réveil-matin qui me sert de radio. Tâche ardue, s'il en est une: j'ai beau bouger l'aiguille de droite à gauche, je n'entends que de la friture. Je ne porte qu'une attention distraite au directeur qui vient d'entrer pour récupérer des documents, me contentant de marmonner qu'un de mes potes anime une émission que je manque malheureusement trop souvent quand je travaille de nuit. Après quelques minutes d'un travail de moine, alors que je fais tourner millimètre par millimètre la roulette de plastique servant à choisir les stations, je crois décerner la voix de Patrick. Ça y'est presque! Pour m'aider, j'augmente considérablement le volume de l'appareil et me reconcentre sur la roulette quand soudain, comme sortie de nulle part, la voix de l'animateur qui dit quelque chose comme : «Criss qui fait frette au Québec, j'ai les couilles dans l'toupette».
Regard du directeur.
Départ du directeur.
Merde, il faut que je dise quelque chose. Mais quoi?
Me rappelant que c'est aujourd'hui Rosh Hashana (le nouvel an juif), je me rue vers la porte du bureau: «Shana Tova, sir!»
Il ne se retourne pas mais je crois entendre un léger «thank you».
Peut-être s'est-il seulement raclé la gorge.

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