lundi 25 décembre 2006

Noël vert

Petit frère devait avoir environ 5 ans cette année-là. Depuis le début du mois de décembre, il me demandait sans cesse de lui dévoiler ce que mes parents allaient lui offrir pour Noël. En grande soeur consciencieuse et un peu pédagogue, je m'efforçais de lui expliquer qu'il devait attendre patiemment la nuit du réveillon, que lui vendre la mèche ne ferait que lui gâcher sa surprise le moment venu, mais petit frère insistait toujours. Puis, un bon jour, c'est sorti tout seul: «Bon, ça va, je vais te le dire! Maman t'a acheté un habit en lainage vert: un petit pantalon vert feuille avec un petit pull vert pomme. Ah oui, il y a un petit béret assorti aussi. Tu sais, si je te dis tout ça c'est pour te préparer mentalement, il ne faut absolument pas que tu pleures parce que ça ferait beaucoup de peine à maman.» Il fallait le voir, le pauvre! Un petit tremblement commençait à poindre au coin de ses lèvres de chérubin: «Un habit en laine! Mais je ne peux pas recevoir du linge pour Noël, c'est impossible!» J'étais déjà allée trop loin pour reculer, il me fallait aller jusqu'au bout: «Non seulement tu recevras du linge, mais l'ensemble est particulièrement laid. Et c'est ce que tu devras porter pour le réveillon.» Il me regardait de ses grands yeux bruns. Ce qu'il cherchait, c'était de la compassion et du réconfort. Moi j'étais là pour lui donner tout ça. Une adolescente cruelle dans le rôle de la grande soeur compréhensive!

Bien entendu, maman, en louve protectrice, fut totalement contre notre manège (j'avais réussi à mettre papa dans le coup), mais nous réussîmes tout de même à lui faire promettre de n'en rien dire. Mieux encore, pour rendre la chose plus crédible elle s'engagea à laisser petit frère en pyjama pour déballer les cadeaux. C'était dans la poche!

Les derniers jours avant Noël, je demandai régulièrement à petit frère s'il s'était bien préparé pour le moment fatidique. La petite bête docile me rassurait en me disant qu'il y pensait tous les soirs et qu'il était certain qu'il n'allait pas pleurer pour ne pas faire de peine à maman. Il tentait aussi bien que mal à faire le malin mais ses yeux trahissaient la plus grande déception qu'un enfant de cinq ans puisse subir.

Quand le soir du 24 décembre arriva enfin, petit frère, minuscule dans son petit pyjama, se plaça en retrait et tenta de se faire oublier. Maman finit par lui mettre une grosse boîte dans les mains. Il pris une grande respiration en me regardant du coin de l'oeil et déchira le beau papier très lentement, puis il constata qu'il avait entre les mains le jouet qu'il avait demandé. Il dû prendre quelque secondes pour réaliser ce qui s'était passé avant d'éclater d'un grand rire.

Jamais un enfant n'aura été aussi heureux que petit frère à ce moment là...

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4 Comments:

Anonymous Anonyme a ajouté...

Oh moi je trouve ça fou comment la magie de NOël oppère sur les blogueurs! Encore une autre entrée merveilleuse! Ouhé! trois hourra pour Galad et son histoire de Noël!

Et maintenant que je me rappelle ton histoire c'est encore plus touchant; tu as l'air d'avoir eut une bonne famille :-).

Joyeux Nouel!! xxx

28 décembre 2006 à 00 h 43  
Blogger Galad a ajouté...

Joyeuses fêtes à toi zôssi!
(ou devrais-je dire: joyeux solstice d'hiver...)

7 janvier 2007 à 18 h 05  
Blogger MienBlog a ajouté...

Très beau, je suis touché, étant très empathique, j'ai ressenti toute la tristesse et la joie du petit homme.

3 avril 2007 à 11 h 24  
Blogger Galad a ajouté...

Merci :o)

3 avril 2007 à 18 h 01  

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