mardi 11 janvier 2005

Quand une bonne nouvelle nous donne envie de gerber

Il y a quelques mois, le directeur général nous a convoqués à une réunion, prétextant avoir une excellente nouvelle à nous apprendre. « Certaines choses vont changer ici, dit-il avec son plus beau sourire. Les propriétaires ont décidé d’acheter une franchise.» Toujours avec son air aussi enjoué, il nous décrit quelques uns des changements en question : le produit que nous offrions à nos clients allait être légèrement modifié afin de correspondre aux standards de « notre » nouvelle chaîne, nous allions nous doter d’un nouveau système informatique génial relié à une centrale aux États-Unis, tel espace allait être rénové, les uniformes allaient changer. « Vous verrez, nos affaires vont monter en flèche! J’ai eu vent que quelques uns de nos concurrents en étaient déjà à élaborer un plan de contre-attaque. N’est-ce pas merveilleux? »

Merveilleux? Pardon, vous dites?

Qu’est que qui est merveilleux au juste? Le fait de devoir expliquer à nos clients réguliers qu’ils n’auront désormais plus accès à ceci et à cela, ces mêmes avantages qui leur faisaient choisir cette entreprise plutôt qu’une autre? Le nouveau système informatique américain qui ne reconnaît pas les accents? Les polos de flanelle bleus ou jaunes (avec logo, faut-il préciser) qui remplaceront nos sobres vestons et nos chemises blanches? À moins que ce ne soit l’obligation d’offrir à tous nos visiteurs de devenir membre de notre club prioritaire, reconnu mondialement?

Non, attendez Monsieur le directeur général, je crois avoir compris. Ce qui est merveilleux c’est qu’en plus d’avoir perdu sa marque distinctive, son cachet européen, son nom français et son indépendance, la boîte doit maintenant majorer ses tarifs (incluant ceux de ses clients les plus fidèles) d’au moins dix pour cent, puisque c’est le pourcentage des revenus annuels qui devra être retourné aux États-Unis.

Est-ce là notre nouvelle réalité? Sous prétexte de pouvoir faire quelques sous de plus, toutes les entreprises finiront-elles par se plier à un nivellement par le bas afin de correspondre aux standards de nos voisins du sud?

Je vous demande pardon Monsieur le directeur, je ne me sens pas très bien.
Vous permettez que je sorte prendre l’air?
Comment? Ce n'est plus permis? Ah bon...

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3 Comments:

Blogger Daniel Rondeau a ajouté...

Moi, pour te voir en Polo jaune, je suis prêt à payer 10% de plus!

11 janvier 2005 à 15 h 46  
Blogger Bertrand a ajouté...

Autrement dit, encore un lambeau de différence
sacrifié à "l'hôtel" du capitalisme sauvage...

(Quand je pense que ce sont les premiers maîtres du dit capitalisme qui ont appelés sauvages ceux qu'ils ont allégremnet massacré pour prendre leur place...)

12 janvier 2005 à 14 h 28  
Blogger Coyote inquiet a ajouté...

Bon texte Galad ! Et tout à fait d'accord avec son contenu !

PS. On a choisi les mêmes couleurs de blogue, héhé. Faut dire que le choix est un peu limité sur Blogger, non ?

14 janvier 2005 à 13 h 36  

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