samedi 4 décembre 2004

Question de perspective

Lorsqu’on est en voyage, on a souvent tendance à devenir plus contemplatif: un arbre, un coquillage ou un immeuble suffisent parfois à éveiller notre imagination, voire une forme de méditation. Je me rappelle un soir, j’étais assise seule au bord de la mer et j’observais le coucher du soleil. Les fesses dans le sable encore chaud, les orteils dans l’eau fraîche et les yeux rivés sur l’horizon, je ne pensais à rien. Je me contentais de regarder le cercle orangé se rapprocher lentement de l’eau pour ensuite être graduellement avalé par elle. Ce n’était rien de plus qu’un petit moment de bonheur tranquille jusqu’à ce que je fusse prise d’un effroyable vertige. Le soleil ne bougeait pas, mais pas du tout. C’était moi et ma petite planète qui tournions. Du coup, je me sentis reculer. Pire encore, je réalisai que j’en avais encore pour dix bonnes heures à reculer avant que le soleil ne se repointe dans mon dos. La terre ne m’était jamais parue aussi grande, et la nuit aussi longue. J’ai cru un instant que je ne me débarrasserais jamais de cette impression de recul.

J’ai quand même trouvé le courage de me lever et j’ai fait demi-tour.

Libellés :

6 Comments:

Blogger Kokopelli a ajouté...

au fond, on n'est qu'un grain de sable dans l'univers :-)

5 décembre 2004 à 20 h 29  
Blogger Galad a ajouté...

Mais qu'advient-il de ce grain de poussière qui a conscience de son être et du monde qui l'entoure?
(Heidegger, sors de ce corps!)

6 décembre 2004 à 13 h 03  
Blogger Galad a ajouté...

Vraiment pas de quoi être désolé Roublard: le principal avantage du blog est, à mon avis, son dynamisme.
Quand j'ai écrit ce texte, je ne pensais qu'illustrer un aspect purement physique de la réalité: ce n'était pas le soleil qui tournait autour de la terre mais bien la rotation de la planète qui me faisait voir ce coucher de soleil, d'où l'impression de recul que j'ai éprouvé ce soir là. Toutefois, j'ai adoré la tournure philosophique des commentaires, tout comme j'aime lire tes propos si particuliers.
Je n'aurais rien souhaité de plus à ce blog que d'être aussi vivant. Je vous en remercie de tout coeur.
Au plaisir de vous relire!

8 décembre 2004 à 14 h 06  
Blogger Lagreff a ajouté...

Dans le désert, un grain de sable dit à son voisin : "Ne te retourne pas tout de suite, mais je crois que nous sommes suivis..."

Scusez-la.

Sérieusement Galad, très beau texte qui nous rappelle que l'éternité, c'est le moment ; et vice-versa.

9 décembre 2004 à 06 h 43  
Blogger marie deschênes a ajouté...

bon ça y'est
je vais faire une manif devant le boudoir demain soir et l'autre demain aussi avec des grosses pancartes
Galad! Galad! Galad!
pour que tu rentres chez toi et que tu écrives un nouveau texte

non mais c'est qu'on s'ennuie, là!

;)

17 décembre 2004 à 22 h 26  
Blogger Galad a ajouté...

Trop gentille Marie!
Malheureusement, mon silence est plus dû à une vilaine grippe d'homme qu'à un abus d'alcool.
J'ai peut-être aussi envie de me faire désirer un peu... ;o)

18 décembre 2004 à 00 h 01  

Publier un commentaire

<< Retour chez Galad