dimanche 23 janvier 2005

Yo manqué fè'm pedu têt moin

— Bonjour!

— ...

La voiture démarre

— Vous ne voulez pas savoir où je vais?

— ...

— Bon, comme je considère que c'est un détail qui a son importance, je me permets de vous informer de ma destination. Je vais au 155 rue Unetelle.

— ...

Je me dis qu'entre le dernier tube de Radio-Antille à plein volume et la forte voix du répartiteur, mon chauffeur ne m'entend pas bien. J'hausse le ton:

— JE VAIS AU 155 RUE UNETELLE

J'ai tout juste droit à un semblant de regard dans le rétroviseur. Je choisi de considérer ce mouvement de sa part comme un accusé de réception et décide de me calmer. Je m'installe sur la banquette et prend une grande respiration. J'aurais dû m'abstenir de respirer par le nez, l'odeur qui règne dans le taxi est insupportable: un malheureux mélange de papier journal mouillé, de trois ou quatre différentes couleurs de désodorisants en forme de sapins et des restes d'un repas de la semaine dernière. Sans compter les effluves corporelles du chauffeur. Pitié!

Nous n'avons pas encore parcouru trois coins de rues que le téléphone cellulaire de l'homme se fait entendre. Manquait plus que ça! S'ensuit une discussion plutôt animée. Le chauffeur a l'air de plus en plus fâché, à moins qu'il ne gueule que pour enterrer la cacophonie ambiante. Toujours est-il que je m'aperçois rapidement qu'il chiale à propos de moi, ou plutôt de cette course, trop courte à son goût, qui ne lui fera certainement pas payer son loyer. Non, mais vas-y, fais comme si je n'étais pas là! Je décide d'entonner Ti zwézo, ma chanson préférée du répertoire de la chorale créole à laquelle j'étais inscrite à 12 ans. Quand le bonhomme va réaliser que je comprend sa langue, il sera sûrement mal à l'aise et il se taira, bordel! Rien à faire. Je suis absolument impuissante, coincée entre la musique antillaise, le dispatcher et l'hystérique qui est au volant. Avec tout ça, je commence à avoir un sérieux mal de tête. Bom'm la pen compè'm!

Dix minutes plus tard, j'arrive tout de même à destination, exaspérée mais en un seul morceau. Je tend le montant exact au chauffeur. Tout en continuant sa conversation téléphonique, il me dévisage avec mépris. Il me prend fort probablement pour une de ces ti-mounes mal élévées qui ne laissent jamais de pourboire. J'ai gardé mon air impassible et j'ai claqué la porte de la voiture.

Finalement, ça ne s'est pas si mal passé aujourd'hui!

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4 Comments:

Blogger Bertrand a ajouté...

"moi pli chanté, en c'éole...
moi pli chanté en c'éole
pays to petit pou' gagné sa vie..." (R.C.)

23 janvier 2005 à 11 h 19  
Blogger Galad a ajouté...

Z'avez l'air de connaître ça, on repart une chorale?
;o)

25 janvier 2005 à 04 h 34  
Blogger Coyote inquiet a ajouté...

Moué tou... pawlé chanté cwéole empile !

Ahhh, les taxis de Montréal... Leur conduite me manque tant !

26 janvier 2005 à 19 h 18  
Blogger La Souris & Myrrha a ajouté...

Le créole...c'est une des langues que j'aimerais parler. (Ça, l'espagnol et l'innu...allez savoir pourquoi!)
En attendant j'essaie de parler le français! *Pas facile!*

Je me souviens d'avoir écouté un chauffeur de taxi discuter en créole... ce qui me faisait rire c'est surtout les "ah ben, tabarouette!" et les "c*****" qu'il glissait à travers.

Tu es chanceuse d'avoir fait partie d'une chorale en créole.

En passant, c'est pas les sirènes qui chantent, mais les abeilles! ;)

28 janvier 2005 à 16 h 58  

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