vendredi 22 juillet 2005

La peur

En fouinant sur le site de Josée Blanchette, je suis tombée sur un texte où elle parle des Londoniens qui devront rester chez-eux, paralysés par la peur causée par un autre attentat dans le métro. Ça m’a rappelé à quel point j’avais été fascinée de constater la facilité avec laquelle il était possible d'apprivoiser la peur.

À mon arrivée en Israël, la rigidité des méthodes de sécurité m’avait surprise, pour ne pas dire inquiétée. Sur le coup, le fait d’avoir son sac fouillé dès qu’on entre dans un lieu public, de voir des militaires arrêter des bus pour des vérifications surprises ou bien des policiers intervenir dès qu’un bagage était trouvé sans surveillance, tout cela avait comme effet de me rappeler l’omniprésence du danger. Pourtant, à peine quelques semaines ne furent nécessaires pour que ces mêmes interventions ne me procurent qu’un réel sentiment de sécurité. Je ne vous cacherai pas que peu après le début de la deuxième intifada en septembre 2000, alors que des attentats ont commencé à avoir lieu en banlieue de Tel Aviv, j’ai dû adapter mon train de vie à la menace qui planait. Il était clair qu’il valait mieux éviter les grands centres, j’ai donc espacé autant que possible mes courses à l’épicerie et remis à une date ultérieure les déplacements que j’avais prévus à l’extérieur de la ville. J’ai même décidé de ne pas me rendre au ministère de l’intérieur, à la Shalom Tower (probablement l’immeuble le plus menacé en cas de réelle attaque), afin de demander une prolongation sur mon visa qui était pourtant sur le point d’échoir. J’ai fait tout ça guidée par la prudence et non par la peur : je n’ai pas cessé mes visites quotidiennes à la mer et je ne me suis pas privée de boire un verre le soir en jouant une partie de backgammon. Bien entendu, certaines journées ont été plus marquantes, notamment lors de l’explosion au Dolphinarium (dont j’ai déjà parlé ici) à l’été 2001 et des attentats de New York quelques mois plus tard, mais quelque chose me disait qu’avoir peur aurait été comme m’avouer vaincue, comme mourir un peu.

Je pense qu’apprivoiser la peur c’est choisir de vivre.

Mais j’ai peut-être tort.

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5 Comments:

Blogger Catherine a ajouté...

Moi je pense que tu as raison.

La peur est un moteur comme un autre. Elle ne devrait pas se couvrir de honte, mais elle ne devrait pas non plus être dresser en dogme. La peur est un moteur inévitable. Dans certaines situations elle devient criante d'acuité.

C'est en l'apprivoisant que l'on fait des pas devant. Ni en la niant, ni en l'encensant. Me semble-t-il.

22 juillet 2005 à 12 h 13  
Blogger Patrick Dion a ajouté...

"Je pense qu’apprivoiser la peur c’est choisir de vivre."

Touché ! Et j'ajouterai que la peur de l'inconnu en fait partie !

22 juillet 2005 à 14 h 54  
Blogger La Souris & Myrrha a ajouté...

C'est agréable de lire le témoignage de quelqu'un qui a "vécu" ça.

Reste que je les trouve courageux ceux qui vivent dans les pays menacés.

22 juillet 2005 à 16 h 26  
Blogger Galad a ajouté...

Ils le sont, souris.
Mais ont-ils le choix?

22 juillet 2005 à 21 h 34  
Anonymous Anonyme a ajouté...

C'est pas une question de courage mais juste les valeurs sont differentes. Et puis on s'habitue très bien. Je me souviens de ma soeur photographiant les bombardements comme d'autres les feux d'artifices, ou même de démonter une mini Uzi avec les autres enfants comme jeu. Les gens n'ont pas peur de mourir, ils ont peur de mourir pour rien!!!

23 juillet 2005 à 02 h 36  

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