jeudi 26 juillet 2007

Un lundi pas comme les autres

Les gens se ne parlent pas. On n'a qu'à prendre le métro à l'heure de pointe ou à s'asseoir dans une salle d'attente pour constater que chacun fixe un point invisible droit devant soi ou bien se cache derrière un livre ou un journal. Dans les grandes villes, les seuls gens qui nous abordent sont soit des mendiants, soit des fous. Notez que je ne suis pas mieux que quiconque: ayant grandi à Montréal, je suis souvent la première à me foutre le nez dans un bouquin et j'aime bien qu'on me laisse tranquille. Pourtant, j'ai souvenir d'une époque pas si lointaine où, à l'étranger, je nouais des liens avec le premier des quidams: le patron du café, la caissière de l'épicerie, la voisine de palier... Tous les gens qui passaient à moins de deux mètres de moi recevaient au minimum un sourire et un bonjour et, fait étonnant, on me le rendait bien.

Lundi dernier, suite à un bel après-midi passé à profiter du soleil, Nancy et moi nous sommes retrouvées assises à un resto de la rue St-Denis autour d'une bouteille de rouge et de deux bols de moules fumantes. À la table d'à côté, il y avait un couple qui ne cessait de nous sourire et de nous jeter des regards complices. Profitant de l'absence de ma compagne partie à la recherche d'un téléphone public, j'en profitai pour me laisser prendre au jeu et échanger quelques mots avec mes voisins de table. Il ne m'en fallut pas plus pour les trouver réellement sympathiques. J'appris qu'il était un homme d'affaires et qu'elle était directrice d'un centre pour personnes âgées. «Vous n'êtes sûrement pas de Montréal...» que je leur dis. «Comment t'as deviné?». «Facile, vous m'avez parlé!».

Notre gueuleton à deux s'est rapidement transformé en souper à quatre et nous eûmes un réel plaisir à discuter de tout et de rien. À l'extérieur, les camions de pompier arrivaient à folle allure pour combattre l'incendie qui sévissait au coin de Rachel, à une cinquantaine de mètres de notre terrasse. L'homme est parti acheter une autre bouteille de vin pour que nous puissions la partager. Puis, après le café, c'est sorti tout seul: «Allez, je vous invite à prendre le digestif dans un petit bar pas loin d'ici!».

La soirée s'est terminée sur le coup de minuit et c'est avec des câlins interminables que nous nous sommes promis de remettre ça un de ces soirs. Le couple est reparti à Drummondville et moi je suis rentrée à pied.

Avec l'impression de revenir d'un très beau voyage.

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9 Comments:

Blogger PatB a ajouté...

Wow.

Et les moules? Elles étaient comment les moules?

26 juillet 2007 à 11 h 58  
Anonymous Anonyme a ajouté...

C'est cool que ce ne soit pas ce gros incendie mais bien cette super rencontre qui ait pris la vedette de ton récit... Ton histoire ma requinquée... (car je trouve ça dommage cet isolement dont on s'entoure ici).

26 juillet 2007 à 12 h 30  
Blogger Miss Patata a ajouté...

Je me souviens, dans mon enfance mes parents s'étaient liés avec des gens de la sorte. comme mes parents sont plutôt routiniers dans leur choix de restaurant il leur arrivait de croiser ce même couple...

26 juillet 2007 à 21 h 42  
Blogger Galad a ajouté...

PatB: Les moules? Je dirais qu'elles avaient un petit goût de fumée...

Apin: L'incendie en question y est tout de même pour quelque chose puisque la voiture du couple était stationnée dans la zone fermée par les pompiers. C'était dans leur intérêt d'accepter mon petit digestif en attendant la réouverture de la rue!

Patata: Ils seraient pas de Drummondville, tes parents?

27 juillet 2007 à 20 h 42  
Blogger Marie Eve a ajouté...

J'aime beaucoup cette écriture qui coule de source. Fontaine je boirai encore de ton eau puisque je vous ai mis à l'ordre de tous les jours.

À bientôt

28 juillet 2007 à 10 h 15  
Blogger Galad a ajouté...

Merci Lilas!
C'est avec de jolis compliments comme celui-là que j'arrive à vous abreuver sans me tarir.

28 juillet 2007 à 20 h 07  
Blogger François a ajouté...

Tiens, je passais par ici, alors je me suis dit que ce serait bien de dire salut puisque je ne suis pas de Montréal.

30 juillet 2007 à 22 h 42  
Blogger Galad a ajouté...

Salut François!
(Tiens, j'ai comme une impression de déjà vu...)

Dis donc, tu ne serais pas en train de te magasiner un petit digestif, toi?

31 juillet 2007 à 13 h 53  
Blogger François a ajouté...

Zut! et moi qui me croyais subtil...

31 juillet 2007 à 23 h 08  

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