mercredi 19 juillet 2006

Douce jalousie

Jusqu'à tout récemment, j'attendais avec impatience nos petits moments ensemble. Nous avions notre petite routine: le samedi il sortait habituellement avec ses potes (c'était sa soirée de gars qui s'éternisait souvent jusqu'au lever du jour) mais le dimanche, comme pour se faire pardonner, m'était entièrement consacré. Nous commencions la journée bien écrasés devant la télé, puis, quand il faisait beau, nous allions marcher sur la montagne au son des tam-tams. Nous nous asseyions dans l'herbe et profitions de notre chance d'être là, ensemble. La semaine, c'était un peu plus difficile: il passait ses journées entières entre l'université et son boulot et ses soirées dans ses livres. Mais toujours, sans exception, il finissait par venir me rejoindre dans le lit où je l'attendais dans un demi-sommeil. Il me caressait doucement, du bout des doigts, comme s'il avait eu peur de me réveiller puis s'endormait à son tour.

Pendant des années, cette routine ne subit aucun changement. Notre amour suffisait à égayer notre quotidien, autant dans les froides journées d'hiver que dans les canicules estivales. Mais voilà qu'en mai dernier j'ai commencé à remarquer des petits changements chez lui: il a d'abord repris l'habitude de s'asperger de ce parfum qui dormait dans l'armoire de la salle de bain, puis il a commencé à se raser de près tous les matins. Jusque-là je n'avais rien à craindre, il était toujours aussi épris de moi et notre routine était intacte. Puis, au fil des semaines, il commença à rentrer plus tard, parfois à la nuit tombée. Je l'entendais aussi chuchoter au téléphone avant de venir me rejoindre au lit. Je dû me rendre à l'évidence: il y avait quelqu'un d'autre. Je ne laissai rien voir de ma jalousie, espérant que tout cela n'était que folie passagère, même quand il l'invita à la maison la semaine dernière en me la présentant comme «une amie». À ce moment-là, elle me regarda avec tant de condescendance que j'eus tout de suite le sentiment que mes jours avec lui étaient comptés.

Ce matin, j'ai appris que j'irais vivre à la campagne. Monsieur Kerouac est venu me chercher à la maison, avec son gros camion rouge. Mes gémissements et mes jappements n'ont rien changé. La dame a gagné, mon histoire d'amour est terminée.

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7 Comments:

Blogger Sauterelle a ajouté...

Bravo Galad!

19 juillet 2006 à 22 h 00  
Blogger Mamathilde a ajouté...

Je me suis faite avoir! Vraiment, je n'ai vu l'animal que dans le dernier paragraphe!

20 juillet 2006 à 10 h 04  
Blogger Galad a ajouté...

Mission accomplie alors!

20 juillet 2006 à 16 h 42  
Blogger Kayou a ajouté...

Ma blonde craquette un peu avant de glapir tendis que je croasse en entendant, jusqu’à coucouler enfin, après quoi nous vagissons ensemble sur le divan...
Sommes-nous normaux?

21 juillet 2006 à 01 h 25  
Blogger Galad a ajouté...

Désolée, le Docteur Mailloux a la jambe de bois ce matin.
Je lui ferai le message.

21 juillet 2006 à 21 h 15  
Anonymous Anonyme a ajouté...

Oohhhhhhhhh c'est ben le fun comme texte! (Remarque, j'aurais mieux aimé que ce soit de l'autofiction, ahahah.)

15 août 2006 à 23 h 17  
Anonymous Anonyme a ajouté...

....t,es pas un chien pour vrai j'espère?

15 août 2006 à 23 h 18  

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