vendredi 29 décembre 2006

La tague

J'aurais préféré, et de loin, jouer à la bouteille, mais comme l'invitation à jouer à la tague-vérité est venue de ce cher Pat que j'adore et ensuite de Daniel pour qui je sauterais des ponts et peut-être même la clôture, voici mes cinq vérités cachées à moi:
1. J'ai déjà joué le rôle d'un chou-fleur dans une pièce de théâtre
2. J'ai vécu pendant un an parmi des coquerelles de huit centimètres, mais je tremble encore comme une fillette chaque fois que je vois une araignée
3. La première fois que je me suis vraiment saoulé la gueule, c'était avec du vin Harfang des Neiges blanc, en vinier
4. J'ai déjà été pauvre au point de passer trois semaines à dormir sur le plancher d'une chambre de motel avec trois inconnus et à me nourrir à la Soupe Populaire
5. Un après-midi, j'ai ri tellement fort que j'en ai pissé dans mon froc alors que j'étais assise sur un lit... avec six autres personnes!

Voilà! Et puisque la tague est transmissible virtuellement, je la refile à Jeff, Coyote et Zhom.
Si vous êtes gentils, la prochaine fois on jouera à la bouteille...

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lundi 25 décembre 2006

Noël vert

Petit frère devait avoir environ 5 ans cette année-là. Depuis le début du mois de décembre, il me demandait sans cesse de lui dévoiler ce que mes parents allaient lui offrir pour Noël. En grande soeur consciencieuse et un peu pédagogue, je m'efforçais de lui expliquer qu'il devait attendre patiemment la nuit du réveillon, que lui vendre la mèche ne ferait que lui gâcher sa surprise le moment venu, mais petit frère insistait toujours. Puis, un bon jour, c'est sorti tout seul: «Bon, ça va, je vais te le dire! Maman t'a acheté un habit en lainage vert: un petit pantalon vert feuille avec un petit pull vert pomme. Ah oui, il y a un petit béret assorti aussi. Tu sais, si je te dis tout ça c'est pour te préparer mentalement, il ne faut absolument pas que tu pleures parce que ça ferait beaucoup de peine à maman.» Il fallait le voir, le pauvre! Un petit tremblement commençait à poindre au coin de ses lèvres de chérubin: «Un habit en laine! Mais je ne peux pas recevoir du linge pour Noël, c'est impossible!» J'étais déjà allée trop loin pour reculer, il me fallait aller jusqu'au bout: «Non seulement tu recevras du linge, mais l'ensemble est particulièrement laid. Et c'est ce que tu devras porter pour le réveillon.» Il me regardait de ses grands yeux bruns. Ce qu'il cherchait, c'était de la compassion et du réconfort. Moi j'étais là pour lui donner tout ça. Une adolescente cruelle dans le rôle de la grande soeur compréhensive!

Bien entendu, maman, en louve protectrice, fut totalement contre notre manège (j'avais réussi à mettre papa dans le coup), mais nous réussîmes tout de même à lui faire promettre de n'en rien dire. Mieux encore, pour rendre la chose plus crédible elle s'engagea à laisser petit frère en pyjama pour déballer les cadeaux. C'était dans la poche!

Les derniers jours avant Noël, je demandai régulièrement à petit frère s'il s'était bien préparé pour le moment fatidique. La petite bête docile me rassurait en me disant qu'il y pensait tous les soirs et qu'il était certain qu'il n'allait pas pleurer pour ne pas faire de peine à maman. Il tentait aussi bien que mal à faire le malin mais ses yeux trahissaient la plus grande déception qu'un enfant de cinq ans puisse subir.

Quand le soir du 24 décembre arriva enfin, petit frère, minuscule dans son petit pyjama, se plaça en retrait et tenta de se faire oublier. Maman finit par lui mettre une grosse boîte dans les mains. Il pris une grande respiration en me regardant du coin de l'oeil et déchira le beau papier très lentement, puis il constata qu'il avait entre les mains le jouet qu'il avait demandé. Il dû prendre quelque secondes pour réaliser ce qui s'était passé avant d'éclater d'un grand rire.

Jamais un enfant n'aura été aussi heureux que petit frère à ce moment là...

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samedi 16 décembre 2006

Merci madame la juge!

Si vous suivez l'actualité de notre plus meilleur pays au monde, vous êtes probablement au courant que son administration n'en est pas à une connerie près. Pourtant, plus tôt cette semaine, une juge ontarienne a réussi à sauver la face de notre beau Canada. Comment? En ordonnant le retrait du sapin de noël qui trônait devant un des palais de justice de Toronto. Bravo madame Cohen! Enfin quelqu'un qui a de l'allure!

Je vous vois déjà froncer les sourcils, mais sachez qu'un sapin orné de lumières de couleurs peut être très offensant pour les non-chrétiens. Vous ne voudriez quand même pas froisser les Juifs ou les Musulmans – représentant quand même 3% de la population canadienne – avec votre héritage culturel! Comment voulez-vous qu'ils se concentrent sur leurs prières si, par la fenêtre d'un local universitaire, ils voient des lumières clignotantes rouges et vertes? Cessez donc de vous regarder le nombril! Mettez votre culture de côté et fêtez plutôt le Rosh Hashanna avec les Juifs. Faites votre Ramadan pour que les Musulmans puissent voir votre ouverture à la différence.

Pour les inconscients qui tiennent encore à fêter noël, faites au moins un effort pour ne pas vous faire remarquer: cachez vos cadeaux dans des sacs en papier brun quand vous devez sortir, munissez les fenêtres de votre maison de stores opaques lorsque vous vous réunissez en famille et, de grâce, ne garnissez plus vos horribles tourtières de morceaux de porc, c'est très offensant!

N'oubliez pas qu'un pays multiculturel, ça ne se fait pas tout seul.

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dimanche 10 décembre 2006

Fumisterie

Après avoir fait bannir le tabac de tous les lieux publics au printemps dernier, le Conseil québécois sur le tabac et la santé lançait cette semaine, par l'intermédiaire du Commando oxygène, une offensive contre les apparitions de la cigarette à l'écran. Selon des études récentes (mais sans référence aucune) «les ados non fumeurs, dont les acteurs préférés fument à l'écran, courent 16 fois plus de risques d'adopter une attitude positive face à l'usage du tabac.» C'était écrit noir sur blanc en page 4 du journal Métro de vendredi. Encore une fois, le petit et le grand écran sont tenus responsables des maux de notre société. Et encore une fois, ce serait à l'État de légiférer.

Oui, la cigarette est mauvaise. Oui, les fumeurs en sont conscients, moi la première. Mais de là à produire des études comparatives sur le nombre de fumeurs dans les films versus le nombre de fumeurs dans la vraie vie et d'accuser les scénaristes et les réalisateurs d'inciter notre belle jeunesse à fumer, il y a une marge!

Si on se fie aux discours des puristes frustrés qui considèrent le cinéma comme une émission telle que Passe-Partout, c'est-à-dire responsable de l'éducation de leurs enfants, il nous faudrait aussi bannir des écrans:

· le junk food, avant que les ados ne courent 16 fois plus de risques d'adopter une attitude positive face à la carie dentaire, à l'obésité et aux maladie cardio-vasculaires

· les familles monoparentales, avant que les ados ne courent 16 fois plus de risques d'adopter une attitude positive face au divorce et à la pauvreté
· le premier ministre Stephen Harper, avant que les ados ne courent 16 fois plus de risques d'adopter une attitude positive face à l'homophobie, aux changements climatiques et à la droite américaine
· les bulletins de nouvelles, avant que les ados ne courent 16 fois plus de risques d'adopter une attitude positive face à la guerre, au terrorisme, à W. Bush ou au maire Gendron

· les pubs du genre «achetez maintenant et laissez vos enfants payer plus tard», avant que les ados ne courent 16 fois plus de risques d'adopter une attitude positive face à la surconsommation, à l'endettement et aux meubles hideux de chez Léon

Voilà, la liste pourrait faire au moins 16 pages de plus. Mais si on enlevait tout ça de la télé et du cinéma, que pourrait-on bien y voir? On pourrait nous présenter les Télétubbies en boucle, mais un groupe de la droite britannique a déjà fait pression pour que l'émission soit retirée des ondes à cause d'une peluche mauve un peu trop efféminée à leur goût…

Non, tout ce qui existe est déjà trop incorrect pour les puristes de ce monde. Il nous faudrait donc réinventer toute la programmation télévisuelle et cinématographique, ne diffuser que des nouvelles émissions créées spécialement pour faire croire à nos jeunes que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Et surtout, que personne au monde n'aurait l'idée de s'allumer une cigarette…

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