Jusqu'à tout récemment, je ne m'étais jamais considérée comme étant chanceuse. Il ne faut pas comprendre par là que j'étais particulièrement malchanceuse, mais je pense avoir toujours eu le syndrome de l'imposteur. Une vague mais constante impression de ne pas vraiment être à la bonne place au bon moment. Enfant, je m'identifiais déjà beaucoup plus aux personnages de Pierre Richard qu'à la Femme Bionique. Voilà, entre autres, la raison pour laquelle je n'ai jamais acheté un billet de loto ou rempli un coupon de tirage.
Si je vous raconte tout cela, c'est que j'ai l'impression que la tendance est en train de s'inverser depuis quelques semaines. Rien de bien impressionnant pour le commun des mortels, mais des petites choses agréablement surprenantes pour quelqu'un qui se prépare souvent au pire. En fait, le premier éclair m'est venu à l'halloween lorsqu'on m'a accordé le prix du meilleur déguisement: je ne me rappelais pas avoir gagné quoi que ce soit depuis le méritas de la meilleure élève de mon année en secondaire 1. J'ai tout de suite eu envie de célébrer! Et je l'ai fait, ma note au bar peut en témoigner!
Ensuite, il y a une dizaine de jours, j'ai décidé de faire une femme de moi et de finalement faire mes rapports d'impôts pour les quatre dernières années. Je m'imaginais en avoir pour des semaines juste à retrouver tous les T4 de mes six ou sept derniers emplois... Eh bien non, tout fut trouvé, trié et identifié en moins d'une heure! Fallait me voir sautiller de joie dans l'appartement. J'ai tout de suite eu envie de célébrer, mais je me suis retenue parce que le plus gros restait quand même à faire. Le soir même, j'ai commencé à rechercher les formulaires d'impôts sur internet. Débandade: la plupart étaient impossibles à télécharger et pour les autres, il manquait inévitablement la fameuse grille de calcul 401. Évidemment, il n'était pas normal que tout se passe aussi bien. Pendant une semaine j'ai fouillé, et fouillé, jusqu'à m'en arracher les cheveux de la tête. Puis, dans un moment de désespoir, j'ai crié: «Y aurait-il un comptable pas cher dans la salle?» et j'ai vu une main se lever. Une main, comme sortie de nulle part, m'offrait de faire tous mes impôts pour un prix dérisoire. Incroyable, non? Inutile de vous dire que j'ai eu envie de célébrer! «Chéri, sors une bonne bouteille, ce soir on mange de la fondue!»
Allez-vous me croire si je vous dis qu'hier, alors que je dormais paisiblement en digérant ma fondue, j'ai reçu un appel du directeur-adjoint qui insistait pour me parler en personne? Que je suis allée le rencontrer en me demandant ce qu'il pouvait bien me vouloir? Qu'il m'a offert une belle promotion sur un plateau d'argent? Ok, j'avoue que ce n'est qu'un remplacement de quelques mois, mais il m'a donné la certitude d'être nommée attachée de direction dès qu'un poste se libère, ce qui ne saurait tarder. «Dois-je vous rappeler que je ne suis ici que depuis quatre mois? Je croyais qu'on ne pouvait pas être promu avant une période d'au moins six mois...» Il m'a regardé en souriant: «Il arrive que nous fassions des exceptions.»
Voilà! Et sans vouloir vous faire chier avec mon bonheur, j'aimerais ajouter que c'est moi qui suis sortie grande gagnante de la dernière soirée dominicale de poker!
Garçon, sortez le champagne!
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